Daniel Bourrion publie Le pays dont tu as marché la terre aux éditions Héloïse d’Ormesson. Un récit poétique et introspectif sur les paysages de l’enfance et la mémoire.

Daniel Bourrion © Philippe Matsas/Leextra
Un décor s’installe. Celui d’une terre mystérieuse et parcellaire. Une ambiance bucolique, pesante et statique. Une terre comme témoin de vies passées et présentes. Puis la voix du narrateur qui se souvient. Sorte d’album photo en noir et blanc. Les mots qui décrivent. Les couleurs qui apparaissent çà et là pour croquer des portraits et des paysages. Une époque particulière est examinée, minutieusement. Les errances enfantines et les débuts dans l’âge adulte. Les virées sans destination et les choix incertains. Et, parmi toutes ces interrogations, parmi toutes les personnes croisées, un portrait se creuse en creux. Celui d’un ami d’enfance.
Remonter le temps
Lorsque le narrateur apprend la mort de cet ami d’enfance, une sorte de fil narratif se tisse. Pour se rappeler, pour faire revenir à la mémoire un passé lointain. Les images sont floues, imprécises. Celles d’un jeune garçon qui devient le voisin. D’un camarade de classe taciturne et solitaire. Les chemins se croisent et se distendent. L’un poursuit ses études, l’autre abandonne l’école dès l’âge légal. L’un quittera la terre natale, l’autre y vivra de petits riens. Les échanges déjà peu nombreux se tarissent. Le camarade de classe ne devient qu’un vague souvenir. Jusqu’à la disparition prématurée de celui-ci. Le narrateur se questionne dès lors sur l’effacement de la mémoire et les destinées mises de côté.
Daniel Bourrion présente un premier roman très maîtrisé tant dans l’écriture que dans les thématiques abordées. Par couches successives, il expose des vérités crues et pourtant palpables. L’exclusion sociale mais aussi la solitude. Un texte court mais intense dans l’utilisation d’un langage poétique et incarné.
Sylvie Vaz
Daniel Bourrion, Le pays dont tu as marché la terre, Héloise d’Ormesson.