Pierre Perret fête sa belle carrière avec un triple CD (et deux vinyles) résumant « Une vie d’humour et de tendresse ». Au programme, tous ses tubes, bien sûr (du « Tord-boyaux » à « La cage aux oiseaux » en passant par le mémorable « Zizi ») et de réjouissantes découvertes.

Pierre Perret. Photo Thomas Pontois.
A 91 ans, Pierre Perret est toujours fringant. Le natif de Castelsarrasin, dans le Tarn-et-Garonne, annonce d’ailleurs un nouvel album et un livre (intitulé « Mémé Anna ») pour le printemps 2026. En attendant, l’artiste nous propose de fêter avec lui ses 70 ans de chanson avec une compilation de 65 titres répartis sur un triple CD (et sur deux versions vinyles moins complètes). A l’origine, dans les années 1950, Pierre Perret joue de sa moustache et de son regard en coin pour amuser les spectateurs des cabarets parisiens. Après des études au conservatoire de Toulouse (il en ressortira avec un premier prix de saxophone à 19 ans), un compagnonnage avec les comédiens de théâtre du Grenier et de nombreux bals, le musicien se fait chanteur sous l’impulsion de Georges Brassens et Boris Vian (il y a pire comme parrainage). Son premier 45 tours, sorti en 1957 chez Barclay, s’appelle « Moi j’attends Adèle ». Il trouvera peu d’écho auprès du public. Œuvrant sans relâche à écrire et à composer tout en se produisant dans de petites salles de la Capitale, Pierre Perret finira par connaître le succès en 1964 avec « Le tord-boyaux », parfait exemple d’une veine gaillarde et humoristique qui deviendra sa marque de fabrique. Suivront nombre de tubes, largement diffusés en radio : « Les jolies colonies de vacances » (1966), « Tonton Cristobal » (1967), « Cuisses de mouche » (1968) et l’impérissable « Zizi » (1975), pavé dans la mare du conformisme alors qu’il s’agissait d’introduire des cours d’éducation sexuelle dans les écoles.
Liberté de ton, gourmandise des mots
Ce côté rigolo de Pierre Perret ne doit pas faire oublier toute la tendresse qui se dégage de son répertoire. « La cage aux oiseaux » (1971) fait de lui un chantre de l’écologie, mouvement alors balbutiant. Il n’aura de cesse de creuser ce sillon avec « Donnez-nous des jardins » (1975) ou « Paris saccagé » (2023). Homme de cœur et de conviction, Pierre Perret évoquera aussi la condition des femmes avec « Lily » (hymne antiraciste sorti en 1971) ou « Mon petit loup » (sur l’histoire d’une jeune fille violée, en 1979), deux bijoux de chansons qui expriment toute la colère d’un homme face aux injustices du monde. Ces classiques et bien d’autres, moins connus (« Au café du canal », « Le temps des puces », « Y’a cinquant’ goss’ dans l’escalier », « Quand le soleil entre dans ma maison »…), figurent dans une compilation qui fleure bon la liberté et une manière gourmande d’aborder la vie, quand bien même les drames frappent à nos portes. Pierre Perret les résume ainsi : « Déjà 70 piges à faire voltiger les mots…Ceux qui vous foutent la rage, ceux qui vous faisaient fondre ou franchement marrer ! La jubilation ? Franchement oui ! Je ne vous ai réservé ici que des pépites. Ouvrez grand vos cages à miel. » Et pourléchez-vous les babines et l’esprit des mots piquants et des mélodies enlevées de ce diable de Pierre Perret.

Humour et tendresse. Photo Thomas Pontois et DR
« Une vie d’humour et de tendresse », de Pierre Perret (Triple CD, vinyle simple et vinyle double, Adèle/Barclay/Universal, sortie le 19 septembre).