Leurs nouveaux albums sont tels qu’on les attendait : tendres et mélancoliques, terriblement attachants et parfois ironiques. Albin de la Simone et Vincent Delerm viendront les présenter, respectivement le samedi 6 décembre à l’Aria de Cornebarrieu et le vendredi 6 mars 2026 à la Halle aux grains.

Albin de la Simone. Photo Aurélie Sauffier
Evidemment, ils sont amis et très proches par leur style chuchoté et impressionniste. Vincent Delerm et Albin de la Simone nous donnent régulièrement de leurs nouvelles dans des chansons qui optent toujours pour une élégante discrétion, qui n’a rien à voir avec l’effacement, plutôt avec une sensibilité extrême. « Toi là-bas », le nouvel album d’Albin de la Simone, remonte déjà au printemps mais on a tout loisir de le (re)découvrir cet automne avant un concert programmé le 6 décembre, à l’Aria, belle salle de Cornebarrieu. Ce disque n’est pas tout à fait comme les autres. Le chanteur s’y est « amusé » à reprendre des chansons de ses débuts, il y a 20 ans, et d’autres, issues de son répertoire plus récent. « J’ai eu envie de les enregistrer à nouveau, comme de les photographier dans leur nouveau costume, explique-t-il. Je me suis laissé aller sans faire de plans, sans pression, juste pour le jeu de la réinterprétation, pour le plaisir. » Plaisir évidemment partagé par l’auditeur, sous le charme immédiat d’un univers très attachant. « Toi là-bas », la chanson titre déploie une voix délicate et des guitares tranquilles. Albin de la Simone nous dit « J’ai 16 ans » et c’est toute une nostalgie qui remonte, faite d’amours timides, à peine esquissées. La ballade est le genre de prédilection de l’artiste, genre qu’il pratique en le saupoudrant d’humour et en l’ornant parfois de boîtes à rythmes (« Je te manque », « Avril 4000 ») ou en se référant à quelques illustres aînés (comme Alain Souchon dans le parlé-chanté « C’est bien moi », initialement écrit par celui-ci pour Françoise Hardy). Dans le registre des reprises, Albin de la Simone est aussi à l’aise dans « La valse des Lilas » (chef d’œuvre d’une tendresse absolue du tandem Legrand-Marnay) que dans « Ma gueule » – du Hallyday chanté moderato, il fallait oser.
Une vie d’artiste, texte et dessins
Albin de la Simone est également l’auteur d’un livre – son premier – , intitulé « Mes battements ». Comme La Grande Sophie il y a un an, le chanteur se raconte, sur le plan professionnel mais aussi intime, de l’enfance rurale aux premiers pas hésitants sur scène. Sa manière d’écrire est proche de son style musical: il y a une ultra sensibilité, un attachement viscéral à la recherche du bon son et au pouvoir des mots, une évidente mélancolie teintée d’humour. Le grand intérêt de ce livre qui palpite est de découvrir un Albin de la Simone dessinateur, talent ancien réactivé récemment, dans un registre qui oscille du croquis minimaliste aux aquarelles magnifiant les couleurs. Réunissant ses deux passions, l’artiste proposera un « concert solo dessiné » à Cornebarrieu.

Vincent Delerm. Photo Arno Lam
Il faudra attendre encore un bon moment pour applaudir le nouveau spectacle de Vincent Delerm à Toulouse, lui qui retrouvera sa chère Halle aux grains le 6 mars 2026. Dans ses bagages, un 8e album, « La fresque », qui n’a qu’un seul défaut : une pochette rose plutôt vilaine, composée de dizaines de visages amis. Son goût très sûr, Vincent Delerm le retrouve fort heureusement avec ses nouvelles chansons.
« Fantômes, disparitions, absences »
Celle qui donne son titre à cet album « avec des fantômes, des disparitions, des absences » est un parlé-chanté totalement Delerm, dont la mélodie nous atteint en plein cœur. Pour la couleur locale, il y est question d’un « soir d’été de la famille dans la banlieue d’Agen », ou, dans un autre titre, d’une fascination pour nos proches montagnes, « le noir et blanc/le soleil aveuglant » (« J’ai cru seulement que tu aimais les Pyrénées »). Pour ce qui est du « name dropping », l’artiste cite Hopper et Cocker (Jarvis). D’autres noms célèbres apparaissent ici et là : Rodin, Romy, Griesman, Steve McQueen, Lana Del Rey, Morricone, Dewaere, Carrère (Emmanuel)… Petite manie pardonnable tant elle convoque des figures qui nous rappellent de beaux souvenirs. Les ballades se succèdent, ourlées de guitares acoustiques, de cordes et de synthés ; teintées d’une élégance pop que l’on doit en bonne partie au travail tout en finesse du multi instrumentiste, réalisateur et arrangeur Jean Sylvain Le Gouic. Cela donne de magnifiques chansons comme « La vie, la mort, l’amour », « Lonesome », « C’est pour vous » ou « Les voix et les visages ». Dans un album qui, comme les précédents, nous accompagnera longtemps.
Albums « Toi là-bas » et « La fresque » (Tôt ou Tard). Livre « Mes battements », d’Albin de la Simone (Actes Sud, 150 pages, 18 euros). Albin de la Simone en concert à l’Aria de Cornebarrieu, samedi 6 décembre à 20h30. Tarifs : 20 et 25 euros. Vincent Delerm en concert à la Halle aux grains de Toulouse, vendredi 6 mars 2026 à 20h30. Tarifs : 40 et 45 euros.