Critique. Concert. Festival International de Salon en Provence. Cours du Château de l’Empéri, le 29 juillet 2025. Robert Schumann (1810-1856) : Quatuor à cordes op.41 n°3 ; Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Quintette avec piano en sol mineur (1940) ; Erwin Schulhoff (1894-1942) : Concertino (1925) ; Antonin Dvorak (1841-1904) : Quintette pour piano et cordes en la majeur op.81 B 155 ; Novo Quartet ; Joaquin Riquelm Garcia : Alto ; Olivier Thiery : Contrebasse ; Emmanuel Pahud, Flûte ; Clémence De Forçeville, Daishin Kashimoto : Violon ; Amihai Grosz : Alto ; Zvi Plesser : Violoncelle ; Orlando Bass, Éric Lesage : Piano.
Le Festival de Salon un rendez-vous incontournable de musique de chambre au sommet.
La cours du Château de l’Empéri qui accueille les concerts du soir du Festival de Salon a une acoustique exceptionnelle. Ce soir de nouveau la magie sonore a opérée et chaque détail de l’interprétation a pu être dégustée. Chaque œuvre a bénéficié d’interprètes différents. C’est cela aussi la magie de Salon, assister à des concerts rassemblant « les meilleurs solistes au monde ».
Le troisième quatuor de Schumann n’est pas une œuvre si facile car la liberté que s’autorise Schumann associée à la tradition héritée de Beethoven est assez complexe. Le Novo Quartet a pris le parti de le jouer debout (sauf la violoncelliste évidement). L’engagement a donc été très fort. Un engagement qui permettra une sonorité large et puissante dans le final. Les premiers mouvements seront joués avec des nuances exquises, une souplesse admirable et une précision incroyable. La beauté des sonorités pianissimo sont renversantes. Cette interprétation très remarquable a été de toute beauté tout du long.
L’arrivée d’Orlando Bass pour le Quintette avec piano de Chostakovitch va retrouver le quatuor assis. Dès ses premières mesures Orlando Bass nous sidère par la puissance et l’élégance de son piano. Le quatuor rentre dans le son magique du pianiste et ce Quintette sera une véritable fête. Certes Chostakovitch y mêle de la détresse mais l’ironie, le sens de la farce seront exceptionnellement mis en exergue. La beauté du son de l’alto, les sonorités pianissimo irréelles des violons, la présence chaleureuse du violoncelle seront un véritable régal. Pourtant le plus exceptionnel sera l’équilibre parfait et sans cesse entretenu entre le piano et le quatuor. En raison de l’acoustique parfaite de la cours il a été possible de déguster tous les détails de cette interprétation mémorable.
Novo Quartet et le fabuleux Orlando BasPour la deuxième partie l’association de musiciens est très surprenante. Pour ce « Concertino » Erwin Schulhoff demande un alto, une contrebasse et un flûte qui jouera également du piccolo. Au-delà de l’impression incongrue première, l’humour qui se dégage de cette pièce est un véritable régal. Les interprètes incroyablement facétieux ont su rester totalement maitre de leurs instruments dans les moments de très haute virtuosité. Voilà une œuvre inconnue et incroyablement amusante, réservée à des virtuoses. Emmanuel Pahud est royal aussi bien avec la flûte que le piccolo. Cet artiste si prestigieux sait également s’amuser en musique comme peu. Joaquin Riquelm Garcia joue de l’alto avec intensité. Ses belles sonorités fauves donneront beaucoup de profondeur à ses interventions. Sourires dans les yeux permanant et sur les lèvres bien souvent Olivier Thiery à la contrebasse semble se régaler de cette mise en vedette des capacité de chant comme de percussions de son instrument. La complexité rythmique de sa partie ne semble pas du tout l’inquiéter et il arrive à en jouer souplement. Courte pièce incroyablement originale cette découverte pour le public l’a charmé et les applaudissements vifs ont récompensé les trois musiciens.D’autres artistes entrent en scène pour le final. Le quintette de Dvorak associera des musiciens élégants et charmants. Éric Lesage au piano, Clémence De Forceville et Daischin Kashimoto au violon, Amihai Grosz à l’alto et Zvi Plesser au violoncelle. La version de ce chef d’œuvre de beauté et de joie qu’ils proposent est dansante gardant une grande élégance de ton. Tout coule, avance et régale le public. Seul le mistral aura été un petit inconfort car sinon cette soirée a été d’une plénitude musicale rare.
D’autres soirées vont émailler ce 33ime Festival de Musique de Chambre de Salon de Provence. Trois concerts par jour dans d’autres lieux superbes ont lieu chaque jour et le grand rendez -vous du soir pour le concert dans la cours de Château de l’Empéri. Nous ne manquerons pas d’y revenir.
Écrit par Hubert Stoecklin
Photos : H.S.
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