Le 13 septembre 1994 sort un album marquant son époque et synonyme de rédemption pour son créateur. Découvert en 1993 par un certain Puff Daddy, Christopher George Latore Wallace aka The Notrorious Big mène déjà une vie que l’on peut catégoriser comme perdue d’avance a seulement 21 ans. Entre mère malade et copine enceinte, l’ancien détenu aura eu besoin de toute la persuasion du boss du nouveau label Bad Boys Record pour le convaincre de se consacrer pleinement à la musique, au lieu de replonger dans sa vie de dealer. Considérer par beaucoup comme l’album de rap parfait, Ready to Die inspire encore des artistes dans l’air du temps aujourd’hui, en plus d’avoir été une reconversion totale pour son auteur.

Couverture de l’album « Ready To Die » de The notorious big – source : Printerval
Aujourd’hui, l’album est un monument du rap et un classique de sa génération, et pour plusieurs raisons assez distincte. La première chose que Biggie est le seul à savoir faire, c’est raper sans écrire au préalable. Si maintenant c’est le cas de plusieurs artistes et que ça n’a rien d’exceptionnel, à l’époque personne ne savait le faire. Évidement, la légende embellit la vérité en affirmant que ready to die n’a jamais été écrit, mais seulement rapé. Ce n’est pas totalement faux, étant donné que la deuxième partie de l’album n’a aucune trace écrite, mais ce n’est pas le cas du story telling et la première partie. Toujours est il que cette prouesse était loin d’être commune à l’époque, et qu’elle a participé a alimenter la légende de The notorious big.

Portrait de Christopher Wallace alias Biggie Smalls à Brooklyn, New York – Source : Flickr
Cette fameuse légende autour de l’artiste ne serait rien sans le personnage qu’il incarne durant tout son projet. Christopher est un véritable gangster pendant plus d’une heure d’écoute. Relations sexuelles à l’infini, codes de la rue, bruit d’arme à feu, mentions aux insultes et a la weed, le gangsta rap s’est rarement autant fait ressentir dans une écoute. Malgré ces clichés certes très bien retranscrit, le rappeur ne joue pas vraiment un rôle, mais son ancien personnage en s’inspirant grandement de son passif de délinquant. Certains analystes qualifient même cet aspect de documentaire en mention à sa vie d’avant. Biggie avait pour but de mélanger fiction et réalité en faisant appel à l’imagination de l’auditeur pour toucher un public bien plus large. Tout cet aspect cinématographique ou les artistes se mettent en avant dans leur projet vient en partie de cet album, même si certains sont plus connus pour depuis.
Un aspect mainstream particulier
Ready to die est remplis de tubes, mais des tubes qui n’étaient pas voués a l’être à l’époque. Dans cette période apogée du gangsta rap, les morceaux qui marchaient le plus étaient les collaborations entre gros rappeurs. Cet album en contient peu, et pour la majorité ce ne sont pas ceux qui ressortent le plus aujourd’hui. Le featuring le plus marquant (le deuxième morceau le plus écouté du projet) est « Juicy », qui se base sur une production avec un sample du groupe féminin des années 80, Total. Des punchlines et un flow marquant de la part de Biggie mélangés a une voix douce et mélodique, pour l’époque, c’était novateur et très risqué.
Cet aspect avant-gardiste sur les collaborations est en partie de l’idée du producteur du projet : Sean Combs, alias Puff Daddy. Avec son label « Bad Boys Records » le producteur et dénicheur de talent impose une direction artistique plus douce et accessible que celle pensée au départ par Biggie. Puff a mené cette idée en gardant en tête le principal atout de l’artiste : Sa rythmique et ses punchlines. Ce mélange de productions accessibles et de punchlines marquantes bourées de références a la pop culture ont pondu un album mettant Biggie au sommet, et Seans Combs officiellement dans le rap game avec son label.

Sean Combs alias Puff daddy, directeur de BadBoyRecords
Comme tout album marquant, Ready to die se veut un minimum introspectif. Le rappeur est l’un des premiers pour l’époque à exprimer ses doutes, ses faiblesses et ses peurs. Par des sous-entendus, il arrive à mettre en avant ses défauts, tout en gardant ce semi rôle de gangster. Cette initiative donne au projet un aspect humain touchant tout en restant dans une atmosphère gangsta rap. Cette dimension personnelle de l’album se fait surtout ressentir dans le dernier morceau du projet « Suicidal Thoughts » où dès le début de son couplet, il dit : « when I die, fuck it I wanna go to hell, cause I’m a piece of shit, it ain’t hard to fuckin’ tell » (« quand je mourrai, nique sa mère, je veux aller en enfer, parce que je suis une merde, c’est pas dur à dire putain »).