Film de mafia bien lustré, « The Alto Knights », de Barry Levinson, donne l’occasion à Robert de Niro de se dédoubler dans un registre qu’il maîtrise à merveille.
A considérer l’âge des protagonistes, on se dit que « The Alto Knight » n’est pas le nom d’un repaire de voyous dans le quartier italien de New York mais le nom ronflant d’un Ehpad de Beverly Hills. Irwin Winkler, 93 ans, a produit le film pour la Warner, conviant à cette célébration un brin rétro, écrite par Nicolas Pileggi, 92 ans, le réalisateur Barry Levinson, 82 ans, le directeur de la photographie Dante Spinotti, 81 ans, et, bien sûr, son complice Robert de Niro, 80 ans. Le comédien a la lourde tâche de jouer à la fois – ce que permet facilement le numérique – deux frères ennemis de la pègre qui ont réellement existé, Frank Costello et Vito Genovese, de l’époque de la prohibition aux années soixante. Dès l’adolescence, les deux délinquants ont fait les quatre cents coups. Quant Vito se fait arrêter pour détention d’armes, son compère prend la direction des affaires, promettant un juste retour des choses à la sortie de prison. Mais l’empire du crime s’est développé et Frank le paisible n’a pas l’intention de laisser la meilleure place à Vito le teigneux, qui va passer au trafic de drogue pour gagner toujours plus…

Robert De Niro (ici en Vito Genovese) dans « The Alto Knights ». Photo Warner Bros
Robert de Niro assure donc les deux rôles sans confusion possible pour le spectateur. Frank est toujours posé – « discret », aime-t-il répéter – et d’une élégance classique. Vito est resté un gamin des rues, y compris question tenue, et se différencie par des lunettes fumées, une calvitie précoce et un petit chapeau de loulou. Un tel défi d’interprétation pouvait pousser de Niro dans ses mimiques récurrentes, à savoir petit sourire rictus et débit mitraillette blindé de « fuck ». Il n’en est rien et c’est l’heureuse surprise du film, par ailleurs pas vraiment stupéfiant question intrigue. On y prend cependant un plaisir coupable, appelant à la rescousse les bons souvenirs des classiques de Martin Scorsese (dont évidemment « Les affranchis » et « Casino », écrits par Pileggi) et de films noirs du patrimoine, comme « L’enfer est à lui », de Raoul Walsh, avec James Cagney (1949), dont on aperçoit quelques images en noir et blanc sur un écran de télévision. C’est dans les vieux pots…
« The Alto Knights », de Barry Levinson, actuellement au cinéma.