Avec Parthenope, en salles à partir du 12 mars, Paolo Sorrentino signe une superbe déclaration d’amour à la beauté et à Naples à travers le portrait d’une femme.
Le nouveau film de Paolo Sorrentino aurait pu s’intituler La Grande Bellezza si celui-ci n’avait déjà nommé ainsi son chef-d’œuvre sorti en 2013. Alors, voici Parthenope (Parthénope en français), c’est-à-dire le nom d’une sirène dans la mythologie grecque et celui de la ville de Naples à l’époque antique. La Parthénope, dont on va suivre une part de l’existence, voit le jour en 1950 après que sa mère a accouché dans un plan d’eau. On la retrouve en 1968, étudiante en anthropologie, et à travers d’autres moments de sa vie – en 1973, 1974, 1975, 1982 et 2023 – qui serviront de stations pour ce portrait façon puzzle.
La grande beauté à laquelle nous faisions allusion est celle du personnage interprété par Celeste Dalla Porta, manière de déesse, de créature qu’auraient pu créer Dieu et le Diable réunis. Nulle surprise dès lors à ce que le récit balance incessamment entre la grâce et le péché. Innocence, tourments, amour pur, amour interdit vont être les motifs de ce poème cinématographique signé par un Sorrentino au sommet de son inspiration. On aura compris qu’il n’y pas vraiment d’intrigue dans Parthenope (pas plus qu’il n’y en avait dans La Grande Bellezza), manière de déambulation sensuelle et électrique d’une jeune beauté dangereuse dans une Naples qui lui ressemble.
Mélancolie solaire
Cela n’empêche pas les séquences de s’enchaîner avec naturel même lorsqu’elles se risquent vers l’improbable, le loufoque, l’inquiétant, le saugrenu. Un play-boy richissime essaie de séduire Parthénope. Un curé, en charge des ampoules contenant le sang coagulé de San Gennaro (martyr et Saint Patron de Naples), tente aussi sa chance. Un suicide et l’intervention d’une diva du cinéma, vouant aux gémonies sa ville natale, sont de la partie. Un détour à Capri s’impose. Bien sûr, la Mafia n’est pas absente. Interprété par Gary Oldman, l’écrivain américain John Cheever (l’un des auteurs de chevet de notre héroïne) noie sa fatigue de vivre dans l’alcool. Parthénope affronte ces épisodes sans se démonter. Elle fume et lit sans cesse, ne se laisse pas impressionner par des universitaires sentencieux. Des interrogations plus essentielles se posent. Pourquoi les promesses disparaissent ?
Parthenope n’est pas un film de son époque, ce qui lui donne cette sensibilité et ce caractère si précieux. Sorrentino se moque des conventions et de la morale de notre temps avec un culot rafraîchissant. Des choses anciennes s’invitent, comme une vieille chanson de Frank Sinatra qui semble s’échapper d’un transistor. La jeunesse et la grande beauté de Parthénope n’étaient pas éternelles. On le savait, mais l’évidence n’épargne pas une certaine mélancolie. De même, essayer de survivre est un échec. Tout finit toujours mal. En attendant, le Napoli remporte le calcio. La vie continue…