CRITIQUE, concert. TOULOUSE ( » Les Grands Interprètes »), Halle-aux-Grains le 5 décembre 2024. J. HAYDN, I. STRAVINSKY, S. RACHMANINOV. J.F. Neuburger. Philharmonique de Radio-France. T. Sokhiev.
Une rencontre au sommet.
Tugan Sokhiev dirige pour la première fois L’Orchestre Philharmonique de Radio France. Les Grands interprètes invite donc cette rencontre à Toulouse avant Paris. Le pianiste Jean-Frédéric Neuburger participe à la fête. Le choix musical permet au pianiste d’interpréter deux œuvres concertantes avec panache. Le concerto en ré majeur de Haydn. Cette œuvre joyeuse avec de nombreuses cadences permet au soliste et à l’orchestre de briller. Tugan Sokhiev dirige avec gourmandise et des gestes d’une élégance souveraine. L’osmose avec les musiciens du Philharmonique de Radio France est parfaite et le plaisir de jouer est partagé. Le public se régale d’une telle élégance classique. L’andante apporte une légère nostalgie mais c’est bien l’énergie des deux mouvements l’encadrant qui reste dans les mémoires. Surtout le splendie rondo final à la hongroise, joyeux voir facétieux sous la baguette de Tugan Sokhiev. Le Capriccio pour piano et orchestre d’Igor Stravinsky est une œuvre très différente dans la forme. L’énergie de cette partition brillante devient une sorte de folie musicale avec l’association de tous ces talents. Les musiciens de l’orchestre, violon solo, hautbois, flûte, clarinette, violoncelle, sont des solistes et chambristes superbes. Comme une mécanique impeccable tout s’articule à merveille et le piano de Neuburger est si aisé que l’on en oublie la difficulté de cette partition. La direction de Tugan Sokhiev à main nue est une danse perpétuelle qui anime la musique d’une grâce particulière. La jubilation est partagée par tous y compris le public qui fait un triomphe aux interprètes et obtient un bis du pianiste.
En deuxième partie de programme la vaste deuxième symphonie de Rachmaninov trouve dans ces interprètes toute la majesté requise ainsi que la profonde mélancolie par moments. Cette belle musique du dernier romantisme est envoûtante. Tugan Sokhiev en magnifie la grandeur et la force. Ses gestes larges sculptent un son profond et riche. Les musiciens du Philharmonique de Radio France suivent et accompagnent cette vison si complexe de la symphonie. La beauté des soli instrumentaux est magnifique, les cordes très utilisées sont somptueuses d’engagement. La structure de la symphonie mise en valeur par la direction de Tugan Sokhiev, est rare. L’entente entre l’orchestre et le chef est parfaite. C’est une belle rencontre que les Toulousains ont pu découvrir ce soir juste avant Paris le lendemain. Un magnifique concert avec des œuvres rares et belles ont été offertes par des artistes immenses, grâce aux Grands Interprètes.
Hubert Stoecklin