Le concert d’ouverture de la belle saison des Arts Renaissants a réjoui et enthousiasmé le public venu nombreux emplir les gradins de l’Auditorium Saint-Pierre des Cuisines. Ce 12 novembre dernier, Toulouse accueillait une nouvelle fois le pétillant ensemble baptisé The Curious Bards, autrement dits Les Bardes Curieux !
A la suite des interventions attendues du Président des Arts Renaissants, Claude Scavazza, et de son Directeur artistique, Jean-Marc Andrieu, les musiciens invités n’ont pas caché leur joie de se retrouver à Toulouse, dans cet auditorium, sept ans après leur première venue. Fondé en 2015, l’ensemble The Curious Bards réunit cinq instrumentistes amoureux des musiques traditionnelles du monde gaélique et celte : Alix Boivert, violon baroque et direction, Sarah Van Oudenhove, viole de gambe, Jean-Christophe Morel, cistre irlandais, Louis Capeille, harpe triple, Bruno Harlé, flûtes. La mezzo-soprano Ilektra Platiopoulou se joint à eux pour explorer un programme musical intitulé Indiscrétion, d’une incroyable invention !
Saluons tout d’abord la remarquable présentation du concert par ses acteurs eux-mêmes. Celle des instruments comme celle des œuvres présentées. Pédagogie et humour font bon ménage. En outre, les pièces choisies témoignent de l’intérêt porté par ces bardes curieux à l’âme celte et gaélique, en particulier au double héritage écossais et irlandais du XVIIIème siècle, fil d’Ariane de cette soirée.
Le programme imaginé se déroule par étapes. Les pièces instrumentales et vocales se succèdent, alternent et se complètent. La précision musicale impressionne en permanence. D’autant plus que ces musiciens jouent de mémoire, sans partition !
Les danses traditionnelles reconstituées sont habilement réunies par groupes de trois. La Suite de 3 airs irlandais qui ouvre la soirée se compose de trois gigues enchaînées qui donnent des fourmis dans les jambes ! La chanson écossaise qui suit amène sur scène la mezzo-soprano d’origine grecque, Ilektra Platiopoulou. Sa beauté vocale s’accompagne d’une diction parfaite et d’un pouvoir expressif totalement convaincant. La tristesse évoquée par son premier air, Katerine Oggie, se transmet immédiatement. La même nostalgie émane de Tears of Scotland, qui succède à la Suite de 3 airs écossais, porteuse de rythmes irrésistibles. Cette alternance entre Suites d’airs et chansons confère une vitalité incroyable à tout ce déroulement musical. On admire en particulier la chanson irlandaise Mable Kelly, composée sur un texte en langue gaélique qui semble ne poser aucun problème à l’interprète. La voix est ici accompagnée par un instrument rare, le cistre irlandais, admirablement joué par Louis Capeille.
Pour l’une des Suites d’airs irlandais, Morepeth Rant, les musiciens réclament l’aide du public qui est appelé à frapper des pieds sur le sol de l’auditorium. Au bon moment évidemment. Ce qui n’est pas toujours la cas… Une pièce particulière, Miss Noble, pleine d’une nostalgie touchante, évoque la mémoire d’un certain Turlough O’Carolan, l’un des derniers harpistes professionnels et compositeurs d’Irlande, réputé comme le dernier barde.
Une chanson à boire, One bottle more, offre à Ilektra Platiopoulou l’occasion de briller, autant vocalement que scéniquement, dans la simulation d’une ivresse qui rappelle celle de La Périchole d’Offenbach : « Je suis un peu grise »… Le programme s’achève sur une scène de chasse particulièrement animée, évoquée dans la chanson écossaise Old Towler. Laquelle recueille une belle ovation réclamant un prolongement de la cette soirée festive…
Deux bis, dont un lié à la ville irlandaise de Kilkenny, complètent donc cette belle et riche exploration d’un répertoire original, et chaleureux. Un grand bravo au Curious Bards, un ensemble à suivre en particulier dans leur discographie déjà disponible.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse