Style musical inséparable du Portugal, popularisé par Amália Rodrigues au XXe siècle, le fado se perpétue avec éclat grâce à Mariza. Une magnifique succession. Dotée d’un timbre de voix royal, elle en offre une incarnation métissée et moderne, particulièrement excitante en, lâchons le mot, live.
Mariza , chant
Luís Guerreiro , guitare portugaise
Phelipe Ferreira , guitare acoustique
Adriano Alves – Dinga , guitare basse
João Freitas , percussions
João Frade , accordéon
Née en 1973 au Mozambique, (ex-colonie portugaise indépendante depuis 1975 et de langue portugaise) Mariza – de son vrai nom, Marisa dos Reis Nunes – est arrivée à Lisbonne à l’âge de 3 ans, avec ses parents, et a commencé à chanter très jeune, dans le bistrot de ses parents, sous l’influence en particulier des airs de fado si répandus dans les quartiers de l’Alfama et de Mouraria. Autant dire qu’elle a pleinement intégré ses racines musicales avant de devenir l’artiste universelle qu’elle est aujourd’hui, capable de s’ouvrir au monde sans perdre l’authenticité de son identité portugaise. Ayant reçu de multiples louanges au Portugal dès son premier album, Fado em mim (2001), elle a subjugué le reste du monde à partir de l’album suivant, Fado Curvo (2003). Aucune autre artiste de son pays, depuis Amália Rodrigues, n’avait réussi à construire une carrière internationale avec un pareil succès critique. Fadista reconnue, respectueuse de la tradition, Mariza puise dans plus de cent ans de répertoire mélodique et poétique pour perpétuer le genre. Mais sans dévotion, loin de tout purisme, elle incarne un fado cosmopolite, ouvert à divers autres styles (jazz, blues, hip-hop, bossa nova, pop…) et ancré dans le temps présent. Portées par sa voix fervente, aux riches modulations, ses chansons atteignent en live toute leur amplitude.
L’origine du Fado, ce genre musical le plus portugais au monde, n’est pas de source sûre. Deux hypothèses existent. La première est que ce chant serait un dérivé des chants qu’entonnaient les marins portugais. La seconde hypothèse est que le fado serait l’évolution d’un courant musical brésilien, très en vogue à Lisbonne au XIXème siècle.
En tous les cas, le mot « fado » vient du latin « fatum », qui signifiait « destin », mot inséparable d’un Tchaïkovski, ou un Schumann en musique romantique XIXè. Son étymologie nous aide à comprendre les thèmes abordés dans ces chants aux accents souvent déchirants. Une plainte ? Une complainte ? On apprécie la fadista à la façon d’incarner l’air. Souvent empreint de mélancolie, il est parfait pour parler d’amour déchu ou impossible, de la nostalgie des morts ou du passé, des difficultés de la vie, de la tristesse, la saudade et bon nombres d’autres thèmes dans le même style.
L’histoire du fado est parsemée de figures emblématiques qui ont contribué à sa reconnaissance et à son développement. Ce genre musical peut être aussi bien chanté par des femmes que par des hommes. La première à s’imprégner de l’essence de cette musique fut Maria Severa Onofriana, née en 1820 et décédée à 26 ans, une chanteuse gitane d’une beauté remarquable qui vécut à Lisbonne au XIXème siècle. Non seulement elle a été la première grande fadista, mais un film lui a également été consacré en 1931, ce qui a marqué un tournant dans l’histoire du cinéma portugais, ni plus, ni moins, car ce fut le premier film sonore portugais.
Dans le genre du fado de Lisbonne, des noms comme Carlos Ramos, Manuel de Almeida et Fernando Farinha ont enrichi cette musique. Chacun a apporté sa propre interprétation tout en respectant les traditions. Dans le sillage de ces grands artistes, Amália Rodrigues et João Braga ont modernisé le fado, faisant vibrer de nouvelles cordes tout en honorant ses origines. Si on déplace le focus vers Coimbra, on trouve des artistes comme Edmundo Bettencourt et José Afonso qui ont mis leur propre timbre sur le fado, enrichissant ainsi le genre. Il est donc crucial de noter que le fado n’est pas une musique statique ; elle évolue grâce à ces artistes, en gardant cependant ses racines bien ancrées.
Le 27 novembre 2011, le fado fut reconnu comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité, pour son importance dans la culture portugaise.