C’est pour le samedi 21 janvier à 20h à la Halle. Les deux hongrois si proches sont là, Ernö Dohnányi avec l’un de ses opus, le 36, Symphonic Minutes et Béla Bartók avec son provocateur Concerto pour orchestre, SZ. 116. Entre, le Concerto pour violon et orchestre n°2 de Serge Prokofiev avec la soliste d’origine russe Viktoria Mullova. Le chef hongrois Gergely Madaras dirige le concert et les musiciens de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse.
Depuis le 1er septembre 2019, le jeune chef d’orchestre hongrois Gergely Madaras est le neuvième directeur musical de l’Orchestre philharmonique royal de Liège. Né à Budapest en 1984, Gergely Madaras a d’abord étudié la musique folklorique hongroise, avant de se consacrer à la flûte, au violon et à la composition. Il est diplômé en flûte de l’Académie Franz-Liszt de Budapest et détenteur d’un master en direction d’orchestre de l’Académie de musique et des arts du spectacle de Vienne. Il a été chef principal de l’Orchestre symphonique Savaria (Szombathely, Hongrie, 2014-2020) et directeur musical de l’Orchestre Dijon Bourgogne (2013-2019). Il est régulièrement invité par des orchestres de premier plan. C’est une véritable montée en puissance, si l’on peut dire.
Gergely Madaras aime l’opéra, et le fait savoir. Se taillant une solide réputationen tant que chef d’opéra. En 2012, il dirige La Flûte enchantée. Depuis lors, il a dirigé des productions très prisées : Les Noces de Figaro, La Flûte enchantée, Otello, La traviata, La bohème, Lucia di Lammermoor, Vanessa, Le Château de Barbe-Bleue, AlbertHerring, Fantasio et Viva la mamma, dans des lieux tels que l’Opéra national des Pays-Bas, le Grand Théâtre de Genève et l’Opéra d’État hongrois.
Attiré par les répertoires classiques, romantiques et la musique hongroise, Gergely Madaras entretient également une relation privilégiée avec la musique contemporaine.
La première œuvre interprétée, Symphonic minutes, a été composée en 1933 par le hongrois Ernö Dohnányi, appartenant à une lignée illustre de musiciens qui, hélas, a subi les horribles traumatismes du nazisme. On note que les œuvres d’Ernö sont relativement peu présentes dans les programmes de concerts et que, lui-même, n’a pas cherché quand il le pouvait à les imposer. Comme Bartók, il est décédé aux Etats-Unis, en 1960.
Enfant prodige, la violoniste d’origine russe Viktoria Mullova se lance dans la musique dès l’âge de 4 ans, d’abord à la Central Music School de Moscou puis au Conservatoire de Moscou . « C’était un apprentissage très dur, confie-t-elle au Monde en 2012, nous habitions à Zhukovsky, dans la banlieue de Moscou. Il fallait se lever très tôt, faire deux heures de violon puis deux heures de trajet pour aller à l’école. Même chose au retour le soir. Pas de vacances, pas de jeux. » Son extraordinaire talent attire l’attention du monde entier lorsqu’elle remporte le premier prix du Concours Sibelius d’Helsinki en 1980 et la Médaille d’or du Concours Tchaïkovski en 1982. Depuis lors, elle joue avec les plus grands orchestres et chefs d’orchestre et dans les festivals internationaux les plus réputés.
Viktoria est aussi reconnue mondialement pour sa polyvalence exceptionnelle et son intégrité musicale. Son insatiable curiosité l’amène à découvrir toutes les époques, allant du baroque au classique, en passant par les influences les plus contemporaines comme la musique expérimentale.
Concerto pour violon n°2 en sol mineur, op. 63
L’œuvre en trois mouvements est composée en 1935.
I. Allegro moderato
II. Andante assai
III. Allegro ben marcato
Elle fut créée le 1er décembre 1935 par un violoniste français Robert Soetens, à Madrid.
« Reflétant mon existence nomade de musicien de concert, le concerto a été composé dans les contrées les plus diverses. Le sujet principal du premier mouvement à Voronesh, j’ai terminé l’orchestration à Bakou et la première eut lieu…à Madrid. »
1935, Prokofiev espère toujours, mais à l’Ouest, rien de nouveau. L’Amérique ne lui dessine aucun pont d’or. L’Est paraît plus profitable. Sur le plan financier, tout ne va pas pour le mieux. Sa vie errante de chef et de concertiste ne pourvoie que chichement aux dépenses domestiques. Au milieu de tous ces atermoiements, une commande va permettre la naissance d’une œuvre majeure. Elle est issue d’un groupe de riches entrepreneurs aux penchants musicaux, limités certes, et concerne le financement d’une création pour leur protégé, le violoniste français Robert Soetens. Ayant quelques esquisses dans ses carnets, Prokofiev accepte et “part“ pour une sonate de concert, qui devient une “sonate pour violon et orchestre“ et en fin de compte, un concerto.
Moins complexe que l’écriture du Concerto n°1 datant de 1917, ce n° 2 se caractérise par un lyrisme d’une très très belle intensité culminant dans l’andante assai. Les dix-huit ans qui les séparent n’ont guère modifié l’esprit de leur auteur. « Le langage reste le même, toujours empreint de cette spontanéité créatrice, de cette vitalité débordante et de cette tendresse lyrique jamais pleurnicharde teintée d’accents virils ». Pour les composer, le joueur d’échecs, l’amateur de sciences exactes, froid, sarcastique, distant, parfois violent, est devenu, malgré lui, poète. Il y a dissociations entre l’artiste et l’homme, à l’opposé d’un Tchaïkovski. Celui qui se serait bien passé de mourir à presque soixante-deux ans, le même jour qu’un certain…Joseph Staline, le 5 mars 1953.
Concerto pour orchestre, Sz 116, BB 123
I. Introduction : Andante non troppo – Allegro vivace
II. Giuoco delle coppie : Allegretto scherzando
III. Elegia : Andante non troppo
IV. Intermezzo interrotto : Allegretto
V. Finale : Pesante – Presto
Œuvre composée d’Août à Octobre 1943 à Saranac Lake au Nord de New York, achevée à Asheville. Commanditée par le chef d’orchestre Serge Koussevitsky (1874, mort à Boston en 1951) Créée par le commanditaire le 1er Décembre 1944 au Symphony Hall de Boston.
Effectif orchestral : trois flûtes, deux hautbois, un cor anglais, trois clarinettes, trois bassons, quatre cors, trois trompettes, trois trombones, un tuba ; timbales et batterie (caisse claire, grosse caisse, tam-tam, cymbales, triangle) ; deux harpes ; tous les pupitres de cordes.
« Bartók était de ceux “qui cherchent en gémissant”. Quoiqu’il ait toujours arboré le sourire ; mais il a trouvé, et ses dernières œuvres sont le plus beau gage d’espoir que la musique de notre temps nous ait donné… » Ernest Ansermet (1883-1969), éminent chef de l’orchestre de la Suisse Romande.
« Tout art véritable se manifeste par des impressions que nous recevons de l’extérieur – c’est ce qu’on appelle le “vécu”…. Je ne peux pas me représenter la production artistique autrement qu’à la condition que s’y exprime sans limite l’enthousiasme, le désespoir, les peines, les colères, la vengeance, la bravade railleuse, le sarcasme de son créateur. Jadis, je ne le croyais pas, jusqu’au jour où j’ai moi-même appris que les œuvres d’un homme transmettent en fait plus précisément que les biographies, les événements significatifs et les passions qui déterminent la vie. » Béla Bartók. Lettre de 1909.
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Orchestre national du Capitole