En ces temps de Rentrée et de vendanges, s’échapper en Saint-Chinian pour une balade oenoculturelle entre vignes et Canal du Midi, voies vertes et capitelles, graf et dégustations.
Tout commence par une carte postale. Capestang, petit port sur le Canal du Midi, les péniches sagement alignées, les transats sur le quai, les promeneurs, à chien, à vélo, en famille, qui savourent cet esprit du Midi et son Canal tricentenaire. Autre ambiance, autre cliché, toujours hautement instagramable : une jolie capitelle de pierre, abri rustique d’antan, au milieu des vignes qui semble raconter l’histoire de ces vignobles un peu sauvages qui chantent le vent et l’accent du sud. Ou encore ce joli village endormi – l’heure de la sieste ou depuis un ou deux siècles ? – avec ses maisons dorées et ses ruelles en calade qui grimpent vers le soleil. Pas de doute, on est bien au coeur du Languedoc viticole, et plus précisément en Saint-Chinian dont les vins racontent si bien leurs paysages et terroirs préservés.
La slow life au fil des vignes et du canal du Midi
Au sud, le Canal du Midi avec Capestang (“à la tête de l’étang” en patois) et sa collégiale telle un phare au milieu de la plaine. Au nord, le Mont Caroux et le Massif de l’Espinouse. A l’est, la vallée de l’Orb et au sud-est, la mer Méditerranée. Et un peu partout, des coteaux propices à la vigne, des falaises et des vallons, du maquis et de la garrigue, des villages, des abbayes, des châteaux. Sans oublier les sentiers de randonnée, à pied ou à vélo, car GR et voies vertes se croisent et ne se ressemblent pas. Ainsi la nouvelle voie verte de Capestang à Cruzy suit le tracé d’une ancienne ligne de chemin de fer dont l’histoire épique et tristement rocambolesque raconte un peu des XIXe et XXe siècles au coeur du Languedoc, entre (folie des) grandeurs et décadence. Jalonnée d’ouvrages d’art en pierre de taille, pont majestueusement incongru et gares devenues villas, elle incarne aujourd’hui à merveille ce tourisme nature, entre genêts et oliviers, parcours sportif et pauses culturelles ou épicuriennes. Alentours, un musée des dinosaures, des oenorandos et des dégustations au domaine…
Art en Cave à Saint-Chinian
Justement, les caves. Les vins de Saint-Chinian, pour moitié produits par des vignerons indépendantes au sein de petites propriétés familiales et pour moitié issus de coopératives parfois octogénaires, racontent aussi l’Histoire de la viticulture languedocienne. La Cave Coopérative de Saint-Chinian, construite en 1937 et classée Monument Historique, arbore une architecture typique en U et ses cuves en ciment d’origine. Mais l”idée géniale de la centaine de coopérateurs est d’avoir invité l’art, et en particulier le street art, dans cet univers viticole. Chaque année depuis 2012, un artiste investit la nef de la cave : Miss Tic, Aurel, Michel Nadaï ou encore Michel Granger en 2022 ont ainsi laissé leurs empreintes et une oeuvre à flanc de cuve ou de mur et sur une cuvée. Une jolie façon de réinventer l’image des coopératives et pour le visiteur, d’associer art et vin, patrimoines industriel ancien et artistique contemporain, dégustation et culture.
AOP Saint Chinian, des vins, du schiste et du calcaire
20 villages, 300 vignerons, 2 terroirs : l’Appellation d’Origine Contrôlée Saint-Chinian fête cette année ses 40 ans ! C’est en effet en 1982 que l’AOC a été délivrée pour les vins rouges, l’AOP pour les vins blancs ayant été obtenue en 2004 tout comme les deux appellations communales de Berlou et Roquebrun, les “grands crus” de Saint-Chinian. Ces vins de caractère marient cépages méridionaux, notamment le Grenache noir ou blanc mais aussi les Syrah, Mourvèdre, Marsanne, Roussanne, Vermentino et quelques autres, mais naissent surtout au coeur de paysages rudes et préservés et d’un tohu-bohu géologique. Le “chaînon de Saint-Chinian” délimite deux terroirs distincts, l’un de schistes et de maquis en altitude et au nord et l’autre de calcaire, de combes et de garrigue au sud. Cette diversité, et la biodiversité associée, vont conférer aux vins leur structure et leur complexité aromatique et donner sens à l’expression “vin de terroir”. Et donner corps aux souvenirs d’une balade multisensorielle dans ce Languedoc un peu secret…
Activités et bonnes adresses
Où dormir :
Castigno : le village devenu “hôtel éclaté”, wine resort atypique et coloré, avec ses suites savamment décorées, son restaurant étoilé, son chai en forme de bouteille (https://villagecastigno.com).
Château des Carasses : chambres dans le château ou villas avec piscine dans les anciens bâtiments viticoles, au milieu des vignes évidemment (www.lescarrasses.com).
La Calade : 5 chambres d’hôtes de charme avec salon, cuisine et jardinet à partager à Montouliers (https://lacalade.fr/)
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Où manger :
La Tour Sarrasine : cuisine traditionnelle et vue sur les péniches entre deux boucles du Canal du Midi à Poilhes.
Le Terminus : l’ancienne gare de Cruzy transformée en halte bistronomique, en terrasse ou à l’intérieur, avec coin enfant et ambiance bucolique.
L’auberge vigneronne : restaurant campagnard et volailles à la broche, une pause terroir s’impose !
Le Vauban : cuisine locavore et bistronomique, vieilles pierres et déco contemporaine, un bon assemblage au cœur de Capestang.
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Que faire :
Dessin en liberté : une séance d’aquarelle avec Annette de Sketch Languedoc pour se laisser inspirer par la beauté du village de Montouliers et révéler des talents cachés.
Balade en bateau : louer un petit bateau pour une journée ou une soirée et profiter du calme bucolique du canal en dégustant quelques vins du cru.
Sentier des Capitelles : une balade initiatique pour s’imprégner des terroirs du Saint-Chinian et admirer la vue sur les falaises de calcaire en cheminant de moulin en capitelles de lauzes restaurées.
Liens et infos
Photos : Office de Tourisme / Gérard Defrocourt