Drunk, un film de Thomas Vinterberg
Revoilà le cinéaste danois qui avait effrayé la planète cinématographique en 1998 avec un Festen qui battait en brèche le formatage et la bien-pensance hollywoodienne. Son dernier opus, malgré les apparences, est à consommer sans modération.
Certes Drunk a peu de chance d’être retenu, à tort d’ailleurs, par les ligues de vertus ou autres associations luttant, à raison, contre l’alcoolisme. Thomas Vinterberg nous présente ici quatre potes, largement quadras, profs en Suède, un pays pas spécialement connu pour sa sobriété. Au cours d’un dîner d’anniversaire, le quatuor en question prend connaissance d’une étude faite par le psychanalyste danois Finn Skarderud (né en 1956) au terme de laquelle le Créateur se serait un brin trompé dans le dosage de notre sang. Pour être parfaitement à son aise, il faudrait avoir 0,5 g d’alcool en permanence dans notre organisme. Potaches en diable et amateurs de la dive bouteille, nos quadragénaires décident de faire l’expérience, d’autant que tous, pour des raisons professionnelles ou personnelles ne se sentent pas tout à fait confortables dans leurs baskets. Munis d’un éthylomètre, ils se mettent à boire. Le dosage obtenu, de véritables miracles se produisent. Mais, de soirées arrosées en réflexions hautement philosophiques, le quatuor décide de passer à la phase supérieure. En augmentant la dose, se pourrait-il que cela dope les performances intellectuelles ? Le grammage passe rapidement au-dessus de 1, puis 2, puis… Bacchus les entraîne ainsi à la recherche du verre ultime, celui du nirvana. Bien sûr les dégâts prévisibles rappliquent au galop. Ils décident donc d’arrêter l’expérience, par peur de devenir…alcooliques ! Mais le groupe sortira-t-il intact de cette aventure ?
Nous sommes ici bien sûr devant un violent réquisitoire contre l’alcoolisme, incluant toutes les fractures qu’il peut provoquer. Thomas Vinterberg le filme avec une économie de moyens stupéfiante. Il s’attache évidemment à ses quatre héros, les saisissant au travers de cadrages et de lumières éblouissants. Pour cet exercice de style un brin casse-g…, il s’est assuré les services de comédiens qu’il connaît bien. Au premier rang de ceux-ci Mads Mikkelsen, comme à son habitude, habite son rôle avec une simplicité de ton qui n’occulte en rien la profondeur de ses gestes, de ses regards, de ses paroles. Aussi impérial que bouleversant. Ses trois acolytes, Thomas Bo larsen, Lard Ranthe et Magnus Millang, l’accompagnent somptueusement dans cette odyssée carrément incorrecte, transgressive mais totalement euphorisante !
Mads Mikkelsen – Il transforme tout en or
Après avoir arpenté pendant plus de dix ans les planches théâtrales danoises, Mads Mikkelsen se décide à franchir le pas qui l’amène vers le 7e art. Nous sommes en 1996, il a alors 31 ans. Il devient rapidement une valeur sûre et recherchée par le cinéma scandinave. Il n’arrête plus depuis de tourner. Il en est à 50 apparitions, longs et séries confondus. Son rôle dans La Chasse, de Thomas Vinterberg, lui vaut en 2012 le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes. Aujourd’hui classé à l’international, que ce soit dans le cinéma d’auteur ou le plus explosif des blockbusters, son immense talent fait toujours de ses moindres personnages des rôles en or !
Où déjeuner / dîner avant ou après votre séance de cinéma ?
.