Prévu avant le confinement et finalement sorti le 8 juillet, Tout Simplement Noir était attendu au tournant tant pour son coté sociétal que cinématographique. Analyse et décryptage d’un film qui n’en est pas un.
Tout Simplement Noir n’est pas un film avec un scénario, un climax et une chute comme la plupart de ses homologues. Voyons-y davantage un « Mockumentaire » : sorte de faux documentaire où le but pour le spectateur est de démêler le vrai du faux. Un mot d’abord sur Jean-Pascal Zadi qui campe ici son premier rôle majeur au cinéma : l’homme est clairement une révélation ayant tout pour plaire dans ce rôle d’anti-héros attachant, débrouillard mais maladroit comme on les aime. On a envie qu’il réussisse mais on sait qu’il ne réussira pas. Plusieurs vannes sont extrêmement bien trouvées, fonctionnent très bien avec l’univers du film qui a la bonne idée de ne pas sombrer dans les clichés qu’abordent d’autres films sur le même sujet.
Casting XXL : Colosse au pieds d’argile
La bande-annonce laissait présager un casting absolument XXL avec en vrac Eric Judor, Ramzy Bedia, Jonathan Cohen, Joey Starr, Fary, Claudia Tagbo, j’en passe et des meilleurs. Si avoir un tel aréopage est clairement une force sur le papier, j’ai regretté le manque de développement de certains acteurs, auquel cas il aurait fallu un film de huit heures. Le personnage de Fary est fort bien écrit et prend la peine d’être développé comme il se doit, j’aurai pour ma part apprécié que certaines scènes laissent plus de place à des échanges, des développements et des situations qui ne viennent jamais. Meilleur exemple de cela : la scène surréaliste entre Lucien Jean-Baptiste et Fabrice Eboué n’apporte pas une immense drôlerie au propos et l’on se demande une fois celle-ci terminée si elle a vraiment fait avancer l’intrigue. J’aurais volontiers vu Fabrice Eboué dans un rôle plus important, lui qui excelle dans ce registre comme il l’a prouvé dans le même exercice dans « Inside Jamel Comedy Club ».
Certaines bonnes surprises viennent se glisser dans cette suite de rencontres, je pense notamment à Soprano que ça fait diablement plaisir de voir devant une caméra après Taxi 5, ou encore celui que j’appellerais « L’acteur Mystère » pour ne pas spoiler, tant cette figure du cinéma Français fait plaisir à voir là malgré son absence de la bande-annonce, ce qui est une bonne chose pour garder le mystère.
Le film regorge de surprises et de bonnes intentions même si certaines scènes auraient pu ne pas être dévoilées dans la bande annonce et les teasers : introduire Jonathan Cohen si tôt ? Oui, absolument. Lui donner si peu de répliques et quasiment tout son texte sur YouTube ? Dommage. Difficile d’en parler sans vraiment spoiler mais le film réussi à être drôle sans tomber dans les clichés habituels : pas de vannes lourdingues sur les noirs pour appuyer son propos et démontrer la violence du quotidien, pas de clichés de mauvais goût et surtout un message porteur et important à travers le personnage de Jean-Pascal Zadi.
Le film contribuera t-il au changement des mentalités et à une évolution dans la société ? C’est tout de qu’on lui souhaite !