Jeunesse sauvage, un film de Frédéric Carpentier
Tout premier long métrage mérite un brin d’explications. Le film sous rubrique n’échappe donc pas à cette règle.
Après des études de philosophie, Frédéric Carpentier se lance dans l’écriture de scénarios, tout en animant des ateliers de réalisation dans des Cités et des Quartiers difficiles. Il était inévitable qu’il nous présente un jour son premier long métrage. C’est Jeunesse sauvage, une fiction ancrée solidement dans l’important travail d’enquête auquel il s’est lui-même livré. De plus il était aux côtés de son directeur de casting et en partenariat avec le Ministère de la Justice et la Police Judicaire Jeunesse, afin de sélectionner dans des Centres éducatifs fermés de potentiels acteurs. Des quartiers sensibles du Sud de la France ainsi que des camps de gitans lui ont fourni également des recrues de choix. Le cinéaste les a ensuite intégrées à des acteurs professionnels, provoquant ainsi une sorte d’explosivité à l’écran dont seul ce genre d’alchimie est capable.
Ce long (pardon !) préambule pour vous dire que ce film n’est pas tout à fait comme les autres. Où il est question de Raphaël, un jeune chef de bande, formant au vol à la tire une poignée de copains. Sauf que voilà, les appétits se creusent et lorsqu’il est question de gagner beaucoup plus d’argent, le leadership lui est contesté par Kevin (Darren Muselet, toujours aussi juste). Une tragédie survient, involontaire mais implacable pour le destin de Raphaël.
C’est cette inévitable course à l’abîme que nous raconte Frédéric Carpentier, faisant la part belle à l’écran (trop peut-être d’ailleurs) à un de ces acteurs que l’on qualifie de « gueule d’ange ». Omniprésent, Pablo Cobo (Raphaël) porte donc à lui tout seul le poids d’un film que l’on aurait souhaité moins démonstratif, plus maîtrisé et attentif au mental des personnages. Défauts et qualités d’un premier long sont bien là, tout naturellement. Quoi qu’il en soit attendez-vous à recevoir une gifle monumentale qui en dit long sur notre aveuglement quant à un monde que l’on côtoie sans même en soupçonner l’existence.
En tout état de cause un essai qui ne demande qu’à être transformé.