Dernier amour, un film de Benoît Jacquot
Benoît Jacquot nous plonge au cœur d’un XVIIIème siècle anglais où se côtoient le luxe et le sordide. Il le fait en nous mettant dans les pas d’un exilé fraîchement débarqué à Londres.
Pas n’importe lequel, rien moins que le sulfureux Giacomo Casanova (1725-1798). Violoniste, écrivain, magicien, espion, diplomate, bibliothécaire, il va passer à la postérité comme le paradigme du séducteur. Antithèse parfaite de Don Juan, son affaire n’est pas de collectionner des conquêtes féminines qu’il délaisse après « conclusion ».
Il veut séduire, point. D’ailleurs il lui est arrivé de s’attacher à plusieurs d’entre elles et même de les aider financièrement en cas de besoin. Pour l’heure, son exil en terre britannique le met en présence de Marianne de Charpillon (Stacy Martin), jeune fille de 17 ans, courtisane déjà célèbre, encadrée de main de fer par sa mère. Casanova est entré dans l’âge mais ne peut s’empêcher de tomber amoureux de ladite Marianne. Mais voilà, celle-ci entame alors avec le Vénitien un jeu de cache-cache amoureux qui va mettre le pauvre Giacomo dans tous ses états. Jouant de son charme envoûtant, la Charpillon lui lance un incroyable défi : « Vous ne m’aurez que si vous cessez de me désirer ». Les rôles s’inversent. La réalisation de ce film est somptueuse tant dans les lumières, les costumes que les décors, tout cela fleure bon le grand Benoît Jacquot. Reste l’attribution du rôle principal, Casanova, à Vincent Lindon. Perruqué, ampoulé comme il était de coutume alors, cet immense comédien a du mal à nous convaincre. Son registre d’excellence est clairement ailleurs. Un peu lent dans son rythme et long dans sa durée, le dernier opus de ce cinéaste amoureux des fondus au noir caravagesques ne vous séduira pas forcément.
Robert Pénavayre