Un pianiste mythique, un maître de kora, et un percussionniste-coloriste donnent libre cours à l’exploration de leurs racines afro-américaines. Sorciers jazz addicts de l’improvisation, ils conduisent une méditation lente avec la légèreté d’un essaim de papillons au-dessus de l’eau cristalline.
En concert exceptionnel à la Salle Nougaro de Toulouse, Omar Sosa, Seckou Keita, et Gustavo Ovalles présentent l’album Transparent Waters (2017).
C’est quelque chose, le trajet d’un fleuve. Il porte l’eau de la source et celle de tous ses affluents influents dans le même flux, seconde après seconde, et il en ira ainsi jusqu’à son embouchure.
Il en va ainsi du pianiste Omar Sosa – monstre sacré des circuits jazz depuis plus de 20 ans, et de tout ce qui a nourri cet artiste cubain à la recherche de ses racines africaines.
Improbable mais finalement pas étonnante, cette rencontre en 2012 avec le maître de kora et chanteur Anglo-Sénégalais Seckou Keita à la belle voix de tête. L’émotion partagée est telle que les artistes décident aussitôt d’un projet d’album commun … qui prendra le temps de mûrir des expériences de chacun, puisque Transparent Waters sort en 2017 , au terme d‘un processus d’enregistrement alterné avec leurs projets personnels.
Ces deux habitués des convergences se sont accordés sur le désir d’explorer de nouvelles combinaisons créatives à la recherche d’une destination musicale totalement impromptue mais subordonnée à la joie soudaine des expressions artistiques des uns et des autres qui se mettent en phase, ce Graal de de l’improvisation que les musiciens de jazz cherchent comme des fous de concert en concert.
Transparent Waters révèle une très nette inspiration spirituelle. Des divinités afro-cubaines au mysticisme yoruba teinté de douceur mandingue, le toucher léger du piano d’Omar Sosa, la kora cristalline et la belle voix de tête de Seckou Keita conduisent à une méditation lente sur les cycles de la vie et de l’existence.
Sur l’album, cette élévation est soutenue des musiciens invités et les notes distillées de cornemuse, de flûte traditionnelle chinoise, d’un koto, d’une guitare, d’un Fender Rhodes ou encore d’un djembe.
En concert, cette coloration est assurée par le génial percussionniste Vénézuélien Gustavo Ovalles (également crédité sur l’album). Compagnon de route d’Omar Sosa de 1999 à 2003, il transcende ici l’âme polyrythmique de la disapora Africaine. Gustavo est à l’unisson de cette quête spirituelle, lui qui s’est lancé dans une recherche approfondie des traditions afro-vénézuéliennes, tant pour leur sauvegarde que parce qu’« elles ont une force liée aux ancêtres » .
Transparent Water est un hommage à l’eau, l’un des éléments les plus précieux et les plus importants dans la nature, mais aussi dans toutes les cérémonies traditionnelles, religieuses et spirituelles partout dans le monde. Je voulais aussi utiliser l’image de la transparence de l’eau comme symbole de la clarté de l’âme de chaque personne. [Omar Sosa]
Outre Seckou Keita et Gustavo Ovalles, l’enregistrement de l’album a réuni des musiciens venus des quatre coins du monde : Mieko Miyazaki (koto), Wu Tong (sheng : flûte traditionnelle chinoise), Mosin Khan Kawa (nagadi), E’Joung-Ju (geomungo) et Dominique Huchet (bird EFX). Il a été mixé en finesse par la batteur-producteur français Steve Argüelles, qui avait déjà travaillé avec Omar sur ses albums primés Mulatos et Afreecanos.
[EDIT: après le concert]
Méditation ils disaient…?! Oui bon alors … Pas tout de suite la transcendance, l’intime évanescent, la nuée de papillons… Si.. Oui, il y a bien eu des intros atmosphériques ou quelques ambiances cristallines… Mais il faut bien reconnaître que sur l’essentiel il nous a été donné de vivre une fête totale des sens, un tableau coloré de musicalités inouïes, une invention rythmique et un bonheur de jouer qui font de ce concert un des événements les plus riches et les plus réussis de cette saison musicale de la Salle Nougaro de Toulouse.
Des musiciens ludiques dont la complicité et la liberté tenait parfois d’un délire à la Marx Brothers, une salle comble et comblée, et surtout la magie de cette symbiose trouvée entre la musique afro-cubaine et ses racines africaines. Voilà qui a composé une soirée de haut niveau artistique et un spectacle inoubliable. Parole, l’ami Nougaro aurait été aux anges.
Salle Nougaro de Toulouse: réservez pour le concert ici