Durant plusieurs semaines, nous allons vous faire découvrir certains amateurs de photos, faisant partager leur expérience dans une communauté très active numériquement : les Instagramers, ceux de Toulouse étant si souvent en lumière par @igerstoulouse. Utilisant l’application mobile Instagram (d’où leur nom), le but est de redécouvrir Toulouse par leurs yeux de photographes, mais aussi de découvrir plus en avant qui ils sont, et quels rapports ils entretiennent avec l’art, avec Toulouse et avec la vie même.
Aujourd’hui, partons à la rencontre de @will_tm, ingénieur en électronique de 31 ans. Spécificité : il s’est lassé des photos de monuments toulousains pour s’ouvrir sur une photo plus « animée » , voyons pourquoi. Mais avant, découvrez l’interview réalisée par @IgersToulouse dans le cadre de leur Découverte du Dimanche :
▫️ Depuis quand fais tu de la photo?
Je fais de la photo depuis 10 ans et je suis sur Instagram depuis 2012.
▫️ Avec quoi prends-tu tes photos ? Et comment les traites-tu ?
J’ai un Nikon D750, j’utilise surtout Lightroom qui est très pratique, mais j’ai commencé avec Photoshop. Je suis d’abord passé par une phase « contre la retouche » puis j’ai pris goût à tirer le meilleur de mes clichés en shootant en Raw.
▫️ Quel est l’endroit que tu préfères prendre en photo ou qui t’inspire le plus à Toulouse ?
Finalement, je ne prends plus trop le paysage Toulousain… Avec le temps je me suis un peu lassé. Je préfère réserver la photo de paysages à mes nombreux voyages.
Je préfère jouer avec la lumière en intérieur : l’éclairage est plus complexe, mais ce n’est pas toujours facile à partager sur Instagram. J’aime saisir des expressions ou des scènes de vie.
▫️ Quels sont les 3 comptes que tu apprécies et que tu souhaites partager avec nous ?
J’apprécie le compte de @heatonthomas je l’ai découvert sur YouTube et j’adore ses photos et sa façon de documenter la manière dont il les prend, beaucoup de ses voyages ont motivé les miens.
J’aime le compte de @dfvbio pour sa façon de mettre en valeur San Francisco (ville que j’apprécie beaucoup). Et enfin le compte de @ilhan1077 qui voyage partout dans le monde et il fait des photos magnifiques !
By @Caumique
D.V : Tu dis à IgersToulouse que tu t’es lassé de Toulouse. Que réponds-tu à tous ceux qui disent qu’une ville comme Toulouse est inépuisable, pas les variations de couleurs, d’acteurs, de scènes, d’événement.
@will_tm (W) : J’avoue m’être un peu lassé de photographier le paysage toulousain, ce qui ne veut pas dire que je ne l’apprécie pas, bien au contraire. Toulouse est bien sûr une ville fantastique et très variée mais il m’est difficile à la longue de ne pas tourner en rond aussi bien en terme de lieux qu’en terme de point de vue. Je vois très régulièrement de belles choses mais je préfère désormais profiter de ces moments de mes propres yeux plutôt qu’à travers le viseur d’un appareil photo. À côté de ça, j’ai la chance de pouvoir voyager souvent un peu partout dans le monde grâce à mon travail. Mon esprit est conditionné pour voir constamment bien au-delà de Toulouse et j’avoue avoir de plus en plus de mal à être créatif lorsque je me retrouve à nouveau ici. Tout ceci est entièrement personnel et n’a pas du tout pour intention de décourager quiconque lirait ces lignes, ce n’est peut-être qu’une passade, qui sait ? Ce qui est beau dans la photographie, c’est que tout le monde peut y trouver son compte à sa façon.
D.V : Tu viens de dire qu’à Toulouse tu préfères voir les choses de tes yeux, considères-tu que la photo empêche de voir les choses ou plutôt de les voir d’une autre manière ?
W : Plutôt oui : la photographie de paysages c’est pour moi beaucoup de matériel à déplacer et beaucoup de préparation pour juste une photo. Même si le résultat peut être très beau, je me suis souvent fait la réflexion de ne pas avoir assez vécu certains moments au détriment d’une photo. Nous vivons dans un monde de plus en plus connecté où on se croit obligé de tout partager et documenter ; laisser une fois de temps en temps mon appareil photo à la maison et mon téléphone dans ma poche afin de profiter pleinement d’un moment est aussi extrêmement important pour moi.
D.V : Il y a énormément de scènes de vie dans tes photos. Qu’est-ce qui t’attire tant dans ce mode photographique ?
W : Ma galerie ne reflète pas encore vraiment ce style photographique qui est encore assez récent pour moi, mais ça risque de nettement s’améliorer cette année. J’ai longtemps considéré que j’étais incapable de tirer le meilleur parti d’un visage ou d’un regard, depuis peu la tendance commence à s’inverser. J’ai, depuis un an environ, pris énormément goût au portrait. Je ne parle pas de shootings bien orchestrés en studio mais de regards, d’émotions, d’expressions volées à travers un cliché qui raconte une histoire. Avant de m’y mettre vraiment, je n’avais pas idée que l’on pouvait faire passer autant de sentiments dans un cliché qui peut parfois être une simplicité déconcertante. Une fois que je sais ce que je veux, je peux passer un temps considérable à attendre le moment parfait pour déclencher, je trouve ces instants extrêmement plaisants.
D.V : Chaque semaine nous essayons de comprendre une photo qui nous a marquée. Que t’évoque cette photo ? Quel en est le contexte ? Le symbole peut-être ?
W : Cette photo est très particulière pour moi car c’est le premier portait en noir et blanc relativement réussi que j’ai pu faire en faible lumière. Elle a été prise au début de l’année dans un bar à Toulouse, l’ambiance était très sombre, seuls quelques rayons de lumière tombaient du plafond. J’ai tout de suite été fasciné par cet homme seul, accoudé au comptoir. En plus de ne pas vraiment coller au décor, il avait l’air de subir et de souffrir de l’environnement qui l’entourait. Les gens, la musique, la bière ? Non pas la bière. Mais tout le reste avait l’air de l’insupporter, pourtant il était là. J’ai mis longtemps à trouver un angle qui à la fois me plaisait et me procurait le minimum de lumière pour capturer cette scène. Une fois cette étape passée, je n’ai pas eu longtemps à attendre, l’œil dans le viseur, pour que son visage soit le plus en accord avec toutes ces émotions qui m’avaient interpellées durant les heures passées.
D.V : Que penses-tu d’IgersToulouse, et que pourrait-il, selon toi, proposer de nouveau ?
W : Je ne prête vraiment attention à IgersToulouse que depuis un peu plus d’un an et j’avoue être impressionné par leur évolution en si peu de temps. J’apprécie énormément le dynamisme de l’équipe et tout ce qu’ils essayent de faire pour la communauté. L’organisation de rencontres régulières entre photographes est également un énorme atout et je pense que tous ceux qui y ont participé au moins une fois ont obligatoirement aimé le fait de pouvoir échanger avec des gens très différents autour d’une même passion. À côté d’Instagram, j’utilise également beaucoup d’autres réseaux sociaux comme 500px ou Flickr mais je dois reconnaître que la communauté locale qu’a réussi à mettre en avant IgersToulouse est vraiment d’une grande qualité. Je n’ai pas vraiment de révolution à proposer, ils tiennent dans leurs mains quelque chose qui fonctionne très bien il faut continuer comme ça. Juste un point peut-être, les rencontres entre photographes ont jusque-là été focalisées sur le fait de prendre des photos, pourquoi ne pas proposer des rencontres pour laisser la parole aux artistes afin qu’ils puissent nous présenter et commenter leurs clichés phares ?
D.V : Enfin, pourquoi la photographie ?
W : Je me suis d’abord intéressé par curiosité au principe physique de la photographie. J’ai très rapidement compris que tout reposait sur l’équilibre des trois paramètres fondamentaux : l’ouverture, le temps d’exposition et la sensibilité à la lumière, mais pour autant, ça ne m’aidait pas vraiment à faire de plus belles photos. Pendant longtemps, pratiquer la photographie a été pour moi (au-delà de juste capturer des instants qui m’étaient chers) une façon de développer ma créativité et ma sensibilité en essayant de mettre de côté mon esprit (trop) cartésien. Aujourd’hui je pense avoir fait un chemin considérable. Je me rends compte que je suis beaucoup plus ouvert, plus attentif aux détails, à la lumière, une chose insignifiante peut soudainement devenir intéressante. Je peux clairement constater l’impact qu’a eu la photographie sur ma façon de voir le monde, et de le parcourir.
Un grand merci et bravo à @will_tm, qui nous montre aussi un côté moins heureux de Toulouse, un côté lassant mais qui ouvre de nouvelles perspectives tout aussi intéressantes. Toujours est-il qu’on ne se lasse pas de revoir ses photos, que vous pouvez découvrir en cliquant sur l’image ci-dessous:
On se retrouve très vite. D’ici là, prenez le temps de visiter l’inconnu.
David Vacher
Portraits d’Instagramers #1 : @coralietlse
Portraits d’Instagramers #2 : @j.solal
Portraits d’Instagramers #3 : @clefmenthe_in
Portraits d’Instagramers #4 : @julietteveutdusoleil
Portraits d’Instagramers #5 : @photog_raphy31
Portraits d’Instagramers #6 : @ry4n_31
Portraits d’Instagramers #7 : @y.vigourel
Portraits d’Instagramers #8 : @julio.flo
Portraits d’Instagramers #9 : @manondez
Portraits de ManIgers 1/6 : @veroniqueacerbis
Portraits de ManIgers 2/6 : @arinyx
Portraits de ManIgers 3/6 : @caumique
Portraits de ManIgers 4/6 : @juanitographe
Portraits de ManIgers 5/6 : @toulouz_1
Portraits de ManIgers 6/6 : @veryfabulousfab
Portraits d’Instagramers #11 : @claireclemz