L’exposition Mezzanine Sud qui a débuté en novembre dernier propose quatre espaces, dédiés à quatre artistes. Jusqu’au 26 février, Rémi Groussin, Lou-Andréa Lassalle, Julie Chaffort et Vincent Betbèze investissent donc une partie du premier étage du Musée des Abattoirs pour présenter leurs si divers travaux, qui pourtant se répondent complètement.
Ce prix Mezzanine Sud, initié grâce au soutien du CIC Sud Ouest a donc distingué pour sa troisième édition, ces quatre jeunes artistes de la région. Il consiste en une aide à la jeune création et une exposition, qui constituent selon le commissaire de Mezzanine Sud, Valentin Rodriguez, une mission « essentielle pour une institution comme celle des Abattoirs ».
Près de 80 candidatures ont été déposées cette année, sélectionnées par un jury composé « d’une diversité de regards ». L’exposition Mezzanine Sud réunit Rémi Groussin, Lou-Andréa Lassalle, Julie Chaffort et Vincent Betbèze, tous âgés de moins de 35 ans et liés peu ou prou à la grande région du sud ouest. Ils suggèrent ensemble un parcours au sein duquel le visiteur choisit le début comme la fin, un itinéraire à travers les installations et les espaces dédiés à chaque artiste, un chemin de contemplation.
« ABYSS » de Rémi Groussin
Rémi Groussin présente une œuvre immersive, une sorte d’aquarium à l’échelle humaine. L’artiste y a déposé ça et là des sculptures faites de matériaux de construction, qui ne semblent pas totalement achevées. Grâce à cela, il évoque les questions de décor et de l’objet « dans ce qu’il est et non dans ce qu’il pourrait être ». Le spectateur/acteur de l’œuvre peut se sentir déstabilisé à la fois par le changement d’échelle, les énigmatiques sculptures et surtout cet environnement dans lequel on peut pénétrer.
Lou-Andréa Lassalle avec « Sécu-Surface I, (Arthur, ses cousines et ses tantes) »
L’artiste propose en suivant une installation sur le thème de la décapitation : sentence à la fois antique et cruellement d’actualité. Elle a pour cela utilisé des figures familiales ainsi que son propre visage pour inventer des personnages de fiction avec des pouvoirs particuliers, qu’elle intègre dans des mythologies. Lou-Andréa Lassalle a créé dans son espace, un lieu intime, un ensemble harmonieux et réconfortant comme l’aménagement d’un intérieur, effrayant et inquiétant pour les uns ou amusant pour les autres. La jeune artiste laisse le spectateur s’interroger : ce sont pour elle, des œuvres polysémiques.
« BANG ! » de Julie Chaffort
Julie Chaffort traite généralement de la question du paysage. Pour Mezzanine Sud, elle a réalisé lors d’une résidence à La Petite Escalère, une vidéo d’une cantatrice installée sur un radeau à la dérive. Cette vidéo révèle une intense fragilité, née du contraste entre la subtilité du chant et la précarité du radeau. Julie Chaffort utilise intentionnellement le décadrage et l’absence de temporalité. En miroir, on découvre une installation monumentale de 21 pianos qui semblent être tombés les uns sur les autres, dans un grand fracas. Finalement, la cantatrice ne chante pour personne, si ce n’est peut-être pour ces quelques pianos.
Vincent Betbèze et « Here Come the Waves »
La dernière pièce (ou première selon le sens) de la Mezzanine Sud est celle de Vincent Betbèze. L’artiste semble être en décalage avec les trois autres. Ses installations paraissent expérimentales et radicales. Il utilise des matériaux étonnants comme de la poudre médicamenteuse, une plaque d’acier dévorée par l’acide, des néons accidentés, des objets utilitaires, … Dès le seuil de la pièce, le doute et la méfiance nous envahissent pour laisser peut-être survenir des évènements inattendus.
.
Marjorie Lafon
Musée des Abattoirs
Mezzanine Sud 2016
Du 4 novembre au 26 février 2017
76 allées Charles de Fitte, 31 300 TOULOUSE