« Maryland », un film d’Alice Winocour
Vincent revient des champs de bataille, meurtri psychologiquement. Il sait qu’il n’y retournera pas. La somptueuse villa dans laquelle il œuvre comme agent de sécurité va lui ouvrir des horizons tout aussi violents.
Cette réalisatrice française nous propose aujourd’hui un second long, après le très apprécié Augustine en 2012. Il est ici question d’un tout autre genre cinématographique, celui du film d’action, avec suspense, angoisse et bagarres à la clé. Il fallait oser ! Le pari est-il réussi ? Pas vraiment malgré d’indéniables atouts. Parmi le tout premier de ceux-ci, il y a l’acteur belge Matthias Schoenaerts, découvert par le grand public avec Bullhead en 2011. Aujourd’hui très courtisé, il enchaîne production sur production. Et c’est tant mieux car, à l’évidence, il possède quelque chose de rare dans ce métier : le charisme, ou comment occuper l’écran sans rien dire ! Il a une stature d’armoire bretonne certes, mais ce qui fascine avant tout est l’intensité de son regard. Alice Winocour en fait la pièce maîtresse de son film, un film qu’elle a écrit à son attention faut-il préciser, un film qu’il porte entièrement sur ses larges épaules.
Dans le rôle de ce jeune soldat revenu du combat atteint de troubles de stress post-traumatiques, l’acteur belge est magnifique d’intensité, de densité aussi. Devenu baby-sitter de Jessie, l’épouse d’un riche albanais trafiquant d’armes, Vincent doit dompter sa paranoïa en permanence. Il voit des menaces partout. Mais tous ces gens qui tournent dans la somptueuse villa azuréenne (Maryland est son nom) ne sont-ils pas en fait de vrais dangers pour la jeune femme ? De fait, Maryland va bientôt devenir un camp retranché et les relations entre King Kong et sa belle protégée vont changer de ton. Remarquable dans les scènes d’action et la manière d’installer le suspense, la réalisatrice loupe complètement le personnage de Jessie (Diane Kruger) pourtant essentiel dans le développement des fantasmes amoureux de Vincent. En faisant la part trop belle à son héros déboussolé, elle déséquilibre un film qui, pourtant, ne manque pas de qualités.
Robert Pénavayre