« Life », un film d’Anton Corbijn
Il y a 60 ans, James Dean se tuait au volant de sa Porsche Spyder, en Californie. Il avait tout juste 24 ans. Et pourtant il était déjà un mythe. Il le restera.
Avec son 4ème long, le réalisateur néerlandais Anton Corbijn lui rend hommage dans un biopic détourné. Détourné car si vous attendez un récit style « sa vie, son œuvre », vous en serez pour vos frais. Non, le propos est ici beaucoup plus subtil car le personnage principal du film n’est pas la star de cinéma mais une star de la photographie, Dennis Stock (1928-2010). Il a alors à peu près le même âge que l’ange noir de La Fureur de vivre. Pour l’heure il est employé chez Magnum et joue les paparazzis sur les plateaux et dans les avant-premières. Mais il cherche le sujet qui fera de lui un grand du photojournalisme, qui lui ouvrira les portes de Life, hebdo genre Paris-Match, tiré alors à 30 millions d’exemplaires, une reconnaissance qui le propulsera au rang de vedette. Ce sujet, il vient de le croiser lors d’un cocktail. Et c’est là que Dennis Stock devient un génie car en un éclair il devine dans l’inconnu James Dean une icône à venir du 7ème art. Bien vu.
Il va alors s’attacher aux pas du jeune homme, abandonnant femme et enfant pour son métier. James Dean va tout d’abord hésiter à se confier corps et âme. Dennis insiste, James cède et le laisse suivre sa trace. Une fois les photos faites, elles sont achetées par Life et rentreront dans le panthéon des plus belles images d’acteurs de cinéma. Tout en concourant à l’édification du mythe. Le but atteint, Dennis Stock laisse littéralement tomber James Dean alors que ce dernier nourrissait vraisemblablement d’autres projets communs… Et ce n’est pas le moindre des attraits de ce film que de montrer le harcèlement discret mais prégnant du photographe, uniquement tourné vers son objectif, et le lent mais profond attachement de sa naïve victime pour lui. De l’âge de leurs personnages, Dane DeHaan (James Dean) et Robert Pattinson (Dennis Stock) portent tout le film sur leurs épaules et forment un duo impressionnant. Magistral ! A voir en vo absolument.
Robert Pénavayre