« Invincible », un film d’Angelina Jolie
Sans être le biopic du siècle, le second long de la réalisatrice américaine vaut le détour. Tout d’abord parce qu’il est bien fait et ménage quelques scènes d’une beauté formelle incontestable et d’une grande émotion. Ensuite parce qu’il nous parle d’un célèbre athlète américain (8ème en finale des JO de Berlin 1936 dans le 5000m), tout récemment disparu à l’âge de 97 ans (en juillet 2014) : Louis Zamperini. Pourquoi, vu la performance sportive, toute relative, cet homme est-il passé à la postérité ? Parce qu’en 1942, le bombardier à bord duquel il se trouvait s’abîma en mer. Seul rescapé avec deux autres soldats, ils vécurent 47 jours d’errance au milieu de l’océan, mangeant poissons et oiseaux de mer et priant le ciel pour qu’il pleuve. L’un d’eux ne finit pas le voyage. Les deux rescapés furent « sauvés » par un patrouilleur japonais. Déférés dans un camp de prisonniers pendant deux ans, ils durent, et Louis Zamperini plus particulièrement, subir la violence et le sadisme du tristement célèbre Mutsushiro Watanabe. Rien ne nous est épargné de leurs conditions de détention et encore moins des sévices subis, sévices dont la véracité fut validée et documentée par l’intéressé lui-même. Porté par un jeune acteur de 25 ans remarqué l’an passé pour sa stupéfiante participation au film de David Mackenzie : Les poings contre les murs, Jack O’Connell (Louis Zamperini), ce film n’est pas sans faire immanquablement penser au Furyo de Nagisa Oshima (1983) dans lequel un prisonnier, anglais cette fois (David Bowie), était la victime très ambigüe d’un chef de camp japonais, le capitaine Yonoi interprété par l’inoubliable Ryuichi Sakamoto, acteur et compositeur de son état, tout comme Miyavi qui interprète ici Watanabe.
Robert Pénavayre