Comme de juste, le dernier disque de Marcel Pérès et son ensemble Organum bouscule les habitudes d’écoute, pose des questions et soulève des polémiques dans les milieux « autorisés ». Querelles souvent stériles, car que sait-on vraiment de l’interprétation de la musique religieuse de la première Renaissance ? Les chantres des chapelles de Philippe Le Beau, Anne de Bretagne, Louis XII et François 1er chantaient-ils à la façon policée de leurs collègues britanniques ou comme les puissants chanteurs laboureurs berrichons chers à George Sand ? La controverse porte d’abord sur les sources de cette belle messe de requiem attribuée tantôt à Antoine de Févin, chantre de la chapelle de Louis XII, ou à Antoine Divitis, chantre de celle d’Anne de Bretagne, dont les carrières se sont croisées. Tout en laissant une part de doute, Marcel Pérès opte pour Divitis, selon le manuscrit Occo Codex conservé à la bibliothèque royale de Belgique à Bruxelles…
…Refusant toute joliesse, comme à l’accoutumée, pour s’ancrer dans l’acre tradition du chant liturgique médiéval, Organum fait le choix d’un ensemble a cappella de dix voix mixtes, privilégiant des timbres extrêmement caractérisés. Dans son texte de présentation, Marcel Pérès renvoie aux très savantes messes polyphoniques des XIVe et XVe siècles où le cantus firmus étire la mélodie du plain chant jusqu’à une lenteur qui suspend le temps. Il se réfère aux grands compositeurs de l’époque, Ockeghem, Dufay, de La Rue, Brumel, qui étaient prêtres et chantres. Imprégnée d’une connaissance intime des textes et du rituel, leur musique fut peut-être plus que toute autre, destinée à accompagner le passage d’un monde à l’autre…
Alain Huc de Vaubert
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