La Clémence de Titus, de W.A. Mozart, ou quand l’empereur trahi gracie les parjures, et les sentiments nobles triomphent.
Dans l’œuvre ample et variée de Wolfgang Amadeus Mozart, l’opéra occupe une place de toute première importance, qui reflète sans aucun doute l’intérêt et l’affection constants que le compositeur porta au genre. Son premer essai d’opéra ne remonte-t-il pas à 1767, alors à peine âgé de onze ans. Il s’agit d’un intermède en trois actes, et en latin, intitulé Apollo et Hyacinthus, d’après un sujet tiré de la mythologie.
Opéra buffa, opéra seria, le catalogue des opéras seria est abondant. Il faudra attendre Idomeneo, re di Creta (1781), qui précède La Clémence (1791), pour voir Mozart s’affranchir des codes de l’opéra seria du XVIIIè, aux règles très formelles, et trouver sa propre voie. D’une écriture très complexe, ses opéras seria comprennent désormais des ensembles (duos, trios, quatuors), des arias avec des contre-chants confiés aux instruments solistes sous forme d’obbligato, une plus grande présence accordée au chœur qui acquiert la dimension d’un personnage et forme un contrepoint avec les voix solistes, et des récitatifs accompagnés.On y trouve aussi des intermèdes pastoraux et des ballets, et plus généralement, une écriture orchestrale plus riche et plus diversifiée.
Créateur infatigable, souvent inattendu, parfois dérangeant, l’écossais David Mc Vicar, cet écorché vif à l’enfance « incroyablement douloureuse et sombre », met en scène l’ultime opéra seria du divin Mozart – il meurt en 1793 – , La Clemenza di Tito, Titus Vespasianus, l’incarnation du despote éclairé. Et si le genre seria est, dit-on, roide, glacial, le chef David Syrus du Royal Opéra House va administrer la preuve que Mozart l’a voulu remuant au possible, d’une légèreté et d’une nervosité toutes aristocratiques. La musique rutile d’incendies psychologiques. La hâte avec laquelle ils furent allumés, et le temps qui manque à Mozart pour les dompter, leur donne une résonance toute particulière. C’est une œuvre à la construction parfaite dont tous les airs font progresser l’action.
Brûlante comme la glace, cette production bénéficie d’un superbe plateau. Maïté Beaumont sera Sesto, l’une de ces admirables figures de travesti, ce rôle dominant aisément tout le paysage de l’opéra seria. On retrouve avec infiniment de plaisir, une de nos “chouchous“ de la scène capitolesque, Anne-Catherine Gillet en Servilia, sans oublier Tamar Iveri, décidément, en Vitellia. Tito Vespasiano sera incarné non pas par notre Manrico préféré Alfred Kim, mais par un autre Kim, Woo-Kyung. Souhaitons lui la même réussite que son homonyme.
Michel Grialou
Théâtre du Capitole du 9 au 18 mars.
Ne pas oublier qu’autour des représentations proprement dites , se greffent, une Conférence, des rencontres avant-spectacle, une conférence pour étudiants, une rencontre intitulée « les Ficelles du spectacle », et un Atelier créatif : chanter en chœur et en famille. Demandez le programme !!