Mortelle amnésie
Inspiré du roman de Didier Van Cauwelaert (Hors de moi, 2003), le dernier opus du réalisateur espagnol Jaume Collet-Serra nous propose un véritable puzzle identitaire.
L’histoire démarre de façon assez anodine, bien que subtilement agencée visuellement avec les jingles de production et de distribution. Soit un couple nickel sous tout rapport, atterrissant à Berlin. Lui, Martin Harris, doit y donner une conférence lors d’un symposium mondial sur la biodiversité financé par un prince arabe. Sa femme, Elisabeth, s’occupe des formalités en arrivant dans le palace qu’ils vont occuper. C’est à ce moment que Martin s’aperçoit qu’il lui manque un bagage. Il retourne derechef à l’aéroport en taxi. Sur le chemin, un grave accident précipite leur voiture dans le fleuve. N’écoutant que son courage, Gina, la taxiwoman, parvient à extirper Martin inconscient de la voiture en train de sombrer, le ramène à terre et, discrètement, fausse compagnie à la police et aux pompiers. A l’hôpital, Martin doit vite se rendre à l’évidence, non seulement il est frappé d’amnésie mais il se prend pour quelqu’un d’autre. Après vérification houleuse, il constate qu’un autre homme, possédant son identité, vit aux côtés d’Elisabeth. Grâce à une infirmière, il va faire la connaissance d’un chercheur de personnes disparues, Ernst Jürgen, en fait un ancien agent de la Stasi, à la retraite bien sûr. Très rapidement il va retrouver la trace de Gina et l’entraîner malgré lui dans une affaire dangereuse car, en fait, des hommes cherchent visiblement à l’éliminer. Pourquoi(?) est l’une des nombreuses questions que vous allez vous poser, tout comme Martin. Mais, bientôt l’amnésie va disparaître… Non, non, pas question d’en dire plus long, ce serait criminel. Sachez simplement que vous allez passer près de deux heures à chercher votre souffle. Liam Neeson est un Martin incroyable de charisme et le dénouement va vous faire reculer de trois rangs. Et en plus il y a Berlin, le cadre idéal pour ce genre de thriller depuis plus de 50 ans. Redoutablement efficace.
Robert Pénavayre