Il est des soirées à marquer d’une pierre blanche. Ce 11 février à la Halle en est une. Le concert est tout Beethoven. Tugan Sokhiev dirige pour la première fois en ce lieu, une autre phalange que l’ONCT, le Mahler Chamber Orchestra, et c’est un véritable coup de maître, autant pour l’Orchestre que pour le chef, le public.. et Ludwig van Beethoven. Les particularités de la disposition des différents pupitres vont littéralement transcender l’interprétation du Concerto pour piano n°5 avec Nicholas Angelich au clavier. L’osmose entre le soliste, le chef et l’orchestre est totale. Le pianiste prouve là encore qu’il joue bien dans la cour des grands. Ce n’est pas un démonstratif, mais on sait qu’il est content, très content et le public itou qui le lui rend bien en « exigeant » deux bis. Après un tel concerto, aucun ne nous aurait tout de même pas particulièrement contrarié.
En ouverture de concert, Coriolan met les points sur les “ i“. Ce sera Beethoven et c’est tout. La Symphonie n°4 en sera la démonstration éclatante. Chaque prestation ne nous offre pas un tel bonheur dans les pupitres des cordes, ni les visages réjouis de tous les protagonistes, ni cette gestuelle économe du chef. Et ça gratte, et ça souffle,sur un clin d’œil, un haussement d’épaule, un sourire, un sourcil relevé, c’est confondant d’efficacité. Du rythme, du rythme, on en a, et si les dernières mesures doivent tout emporter, c’est bien un tsunami musical déchaîné par Dionysos que livrent les musiciens exténués mais hilares.
Il fallait être là, nous y étions et plus de deux mille, complètement sous le charme du moment passé. Bien sûr, une telle affiche, on en redemande !
Michel Grialou