Le 14 octobre dernier, la toute nouvelle salle toulousaine rock, La Dynamo, accueillait l’ex-Modern Lover Jonathan Richman. Saluons d’entrée de jeu ce nouvel espace dédié au rock : club à taille humaine (300 personnes à pisto de nas), belle acoustique, bar sympathique, une rochelle bikinienne futée et un couple amusant (Jo Strummer/la Vierge). Ne saluons pas par contre l’actuelle et l’ancienne mairie toulousaine (de groite comme de dauche donc) qui n’en a que pour la culture bourgeoise (danse/classique/théâtre). Alors que la moindre sous-compagnie de théâtreux a droit à sa salle (pour jouer devant 10 personnes) et à sa subvention, la ville n’a jamais rien fait pour le rock, si ce n’est fermer les rares lieux qui ouvraient dans le privé ou l’associatif non subventionné (remember la salle FMR). Si on veut que Toulouse ne finisse pas comme un cauchemardesque parc à (bobos à) vélos pour fans de world music ou de Bénabar, félicitons-nous que quelques passionnés (Première Pression, La Chatte à la Voisine, La Dynamo) fassent vivre la ville en rose/rock. Petite précision aux croûlants qui nous gèrent : loin de moi l’envie de dénigrer le classique (j’aime trop Debussy, Satie, Purcell, etc. pour cela) mais les concerts de classique type Grands Interprètes ont une moyenne d’âge de 60 ans ! Il serait temps de comprendre que les jeunes écoutent de moins en moins de classique et plutôt du rock. Qu’on s’en réjouisse ou qu’en s’en lamente, c’est une réalité.
Ce coup de gueule poussé, revenons-en au sujet : notre amant moderne, l’ami Jonathan. Cela faisait bien longtemps que l’ancien frontman des Modern Lovers n’était pas venu jouer à Toulouse. Salle pleine donc pour applaudir ce vétéran de la scène américaine. Accompagné seulement d’un batteur (formule cheap qui est hélas de mise depuis presque 20 ans déjà), Jonathan nous sert donc un set plutôt acoustique, heureusement sauvé des eaux par ses talents indéniables de guitariste et son humour d’éternel cabotin devant l’Eternel (the Eternal aurait dit le fan de chanvre Ian Curtis). Car cabot, le père Jonathan l’est, et ce depuis toujours. Mimiques à faire passer De Funès pour Buster Keaton, solos de dance, dialogues avec le public, notre homme de Boston manie également fort bien la langue de Molière et de Maurice Chevalier (idole revendiquée de Jonathan). La plupart des bons morceaux de son répertoire y passent malgré quelques oublis (Velvet Underground, Give Paris One More Chance, Tandem Jump et je ne suis pas sûr qu’il ait joué le mythique I Was Dancing in the Lesbian Bar). Un concert agréable même si, pour ceux qui ont déjà vu le père Jonathan auparavant, c’est du copier-coller d’un concert à l’autre. Faudrait suggérer à l’éternel éphèbe et à sa guitare espagnole de remonter les Modern Lovers (eux aussi absents côté morceaux) ou de nous offrir enfin un set électrique !