Pierre Bleuse est un musicien chez lui à Toulouse qui est connu dans la plénitude de sa musicalité de violoniste soliste, chambriste et depuis peu chef d’Orchestre . J’ai voulu le rencontrer après avoir perdu sa trace à l’Orchestre de Chambre de Toulouse après 2009.
J’ai retrouvé son sourire et son enthousiasme pour parler de sa passion pour la direction d’orchestre. Ce qui pour moi avait été une surprise est en fait pour lui une évidence. C’est ainsi qu’il ma expliqué que son désir d’être chef d’orchestre est un de ses plus vieux rêves. Né dans une famille de musiciens, il a appris plus classiquement le violon, tout le monde ne peut être Roberto Benzi qui dirigeait à 6 ans un orchestre ! Pierre Bleuse a « sagement » appris le violon et est devenu un soliste et un chambriste recherché et admiré par les plus grands musiciens. Il a ensuite auprès de Gilles Colliard engagé toute son énergie dans le renouveau de l’Orchestre de Chambre de Toulouse. Il a ainsi approfondi son répertoire et tout particulièrement joué sur cordes de boyaux des partitions baroques. Certes en apparence tout cela nous éloigne du métier de chef d’orchestre mais en fait le développement d’une sensibilité musicale à un répertoire des plus larges a préparé la suite de sa carrière. Pierre Bleuse nous a dit combien tenaillé par son rêve d’enfance il a voulu dépasser ce qu’il nomme sa « direction d’autodidacte » par pure passion et a osé aller affronter le jugement d’un maitre pour savoir si il pouvait aller plus loin. C’est ainsi qu’il a approché un chef aussi génial qu’exigeant et parfois irascible, l’immense Jorma Panula. C’est donc en Finlande qu’il a appris de maitre Panula qu’il était bien un chef d’orchestre !
Tout est allé très vite ensuite pour Pierre Bleuse qui a repris ses études à Genève tout en devenant assistant chef d’orchestre. Il a petit à petit laissé le violon pour se consacrer à l’orchestre avec passion et application. C’est ainsi qu’assistant en Allemagne il a reçu le coup de fil de Thierry d’Argoubet pour le concert qui l’a révélé aux Toulousains dans la puissance de sa direction. Certes il avait déjà dirigé l’Orchestre du Capitole pour un programme d’une heure «Happy hour» mais là il s’agissait d’une gageure proche de la folie. En effet le chef Joseph Pons avait du annuler à deux jours d’un concert au programme complexe. En assurant de relever ce défit Pierre Bleuse qui n’avait pas travaillé le programme auparavant a sauvé l’orchestre et gagné une vraie stature. La manière dont il raconte cet évènement avec franchise et passion définit bien son enthousiasme pour la musique. Il a dit oui par plaisir de jouer avec l’orchestre du Capitole sans penser à ce qu’il pouvait perdre en cas de difficultés. Il a étudié la nuit et le jour suivant et a dirigé admirablement le concert. Le désir venu du profond de son être a ainsi pu éclater au grand jour.
Mais il est une autre passion qui anime Pierre Bleuse, il nous a dit combien il aime aider les jeunes à faire de la musique et comme il a voulu fédérer les énergies autours du projet qu’il a nommé Musika Académy. Certes jouer dans un grand orchestre symphonique pour de jeunes musiciens c’est extraordinaire mais il a ouvert cette académie aux autres métiers de l’orchestre comme régisseur par exemple.
Les parrains de cette aventure sont de grands noms comme Thierry Fischer, Bertand Chamayou et Gautier Capuçon.
La collaboration avec des musiciens de l’orchestre du Capitole développe une relation maitre-élève au plus proche de la partition. Le concert dans la prestigieuse Halle-Aux-Grains donne tout son éclat au concert final.
C’est son regard plein de joie et de passion qui prouve combien Pierre Bleuse est engagé dans cette belle mission de transmission. La transmission de faire de la musique ensemble avec plaisir et de l’offrir au public. C’est bien naturel qu’il se retrouve aujourd’hui à diriger car son plaisir de musicien délicat et sensible est le même comme soliste, chambriste, ou chef d’orchestre.
Ce Dimanche 23 Octobre il dirigera le concert qui clôture l’aventure 2016 de Musika-Academy. Le programme est ambitieux se terminant par la symphonie Pathétique de Tchaïkovski. « Offrir le meilleur aux jeunes ». Peu d’hommes ont des souhaits aussi simplement exprimés et une manière si naturelle de les réaliser. Nul doute que le public viendra nombreux soutenir une si belle implication à la Halle-aux-Grains ce dimanche 23 octobre.
La carrière de Pierre Bleuse entre Toulouse et le monde va se développer (Bratislava, Vienne, Berlin, Genève…) et nous essayerons d’en rendre compte.
Ce compte rendu de rencontre initie une série que je désire consacrer à ceux que j’appelle les « Toulousains autour du monde ».
Hubert Stoecklin
Crédits photos : Ulystrator