Proxima, un film de Alice Winocour
En abordant le thème de la conquête spatiale, tout en restant sur le plancher des vaches, le troisième long de cette réalisatrice française révèle enfin l’étendue de son talent
Ad Astra, Gravity, bis repetita ? Pas du tout ! Certes les personnages du dernier opus d’Alice Winocour sont des astronautes mais le scénario de ce film les cloue, jusqu’à la scène finale, au sol. Où il est question de l’engagement dans une mission d’un an au-delà des étoiles d’une spationaute. Vous avez bien lu, UNE SPATIONAUTE. Dans ce monde hyper viril, voire machiste, les femmes n’ont su que se frayer de petites places et encore avec difficultés. Proxima nous met dans les pas de l’une d’entre elles, Sarah. Maman d’une petite Stella (tiens donc !) de 8 ans, elle vit séparée mais en bonne entente avec le papa. L’heure du décollage arrive enfin. C’est le rêve de toute une vie pour Sarah. Un véritable accomplissement. C’est aussi un tourment car, d’une part, Sarah connaît parfaitement les dangers des raids spatiaux, d’autre part, il s’agit bien pour cette mère d’abandonner son enfant pour assouvir une véritable passion. Cette séparation débute déjà sur Terre, avec les entraînements à Cologne, à l’Agence Spatiale Européenne. Puis il y aura la quarantaine sanitaire à Baïkonour, sur le cosmodrome. Stella vit tout cela avec son regard d’enfant perdu dans des enjeux planétaires, scientifiques, sécuritaires.
Et elle le vit mal. Sarah le comprend mais doit malgré tout mener de front la souffrance de sa petite-fille et celle que son entraînement physique lui occasionne. Tout en sachant que de son comportement une fois là-haut dépend en partie la réussite de la mission. Et que la moindre défaillance peut s’avérer mortelle pour tout l’équipage. Mais voilà, Sarah est une battante. Son entraînement est même salué par ses co-équipiers, l’Américain et le Russe. Le papa de Stella est un brave garçon, il va assumer la « folie » de la maman. Folie car, encore de nos jours, décoller assis sur une incroyable bombe et se transformer en tête d’épingle au milieu du ciel, à la merci d’instruments et autres algorithmes, c’est toujours être frapadingue. C’est donc dans l’intimité mentale de Sarah que nous conduit ce film. Sa volonté bouleversée par des doutes bien compréhensibles l’amènera, il ne fallait pas en douter, sur le pas de tir. Et c’est au moment de la disparition de la dernière trace de la fusée dans les cieux, au-delà de l’atmosphère, que la famille sera en communion. Sarah, nous la voyons enfin sourire, elle est enfin accomplie, le papa pleure d’émotion et Stella regarde le ciel avec une fierté non dissimulée. Plan final, terriblement émouvant dans une simplicité à hauteur d’homme. Eva Green (Sarah) et la toute jeune Zélie Boulant-Lemesle (Stella) portent ce film sur leurs épaules, un film formidablement documenté bien sûr, dans lequel vous pourrez apercevoir Thomas Pesquet. C’est dire ! Le générique final donne la liste, avec photos de famille à l’appui, de toutes les femmes cosmonautes ayant apporté leur pierre à l’édification de la conquête spatiale. Un bel hommage !
Eva Green – Une star gothique redescend sur Terre
Cette fille de Marlène Jobert fait ses premiers pas artistiques sur des planches londoniennes. Mais c’est en 2002, elle a alors 22 ans, que la France reconnaît son talent en la nominant pour ses Molière. Dès l’année suivante, le 7e art s’empare de cette jeune femme et ne la lâchera plus. Près de 20 long-métrages et quelques séries après, elle est devenue, dans tous les genres, une actrice incontournable du cinéma mondial.