Les musiques à Versailles
La prochaine série de concerts d’abonnement de l’Orchestre de Chambre de Toulouse se consacre à un lieu emblématique de la création musicale, Versailles, le palais de la monarchie française. Trois rois se sont succédé pour le développement des arts dans cette « aimable retraite ». Ils ont suscité une effervescence créative dont le programme de ces concerts brosse une histoire significative à travers quatre compositeurs habitués de ce lieu mythique.
C’est évidemment avec Louis XIV que tout a vraiment commencé. Monarque absolu, mais aussi mécène des arts, danseur et guitariste, le roi soleil sut faire rayonner la culture française et l’utilisa à son profit comme un véritable outil politique. Il créa les Académies de Danse (1661) et de Musique (1669), et les fêtes de Versailles où chaque événement de la vie du Roi était mis en musique, lui servirent à mieux contrôler la noblesse dont il se méfiait depuis la Fronde. Paradoxalement, c’est à un Italien né à Florence que le roi confia le poste de surintendant de sa musique, Giovanni Battista Lulli, qui francisa son nom en Jean-Baptiste Lully.
Avant de devenir lui aussi surintendant de la musique (succédant ainsi à André Campra), André Cardinal, dit Destouches, fils d’un riche négociant, découvrit son talent musical sur le terrain des combats, notamment en participant au siège de Namur en 1692. Apprécié de Louis XIV « autant que Monsieur de Lully », il fut également soutenu par Louis XV.
L’essentiel de la carrière du Dijonnais Jean-Philippe Rameau se déroula pendant le règne de Louis XV. Il sera l’un des plus grands théoriciens de la composition musicale. Son « Traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels » fait encore autorité. Il écrivit de grandes et belles pièces pour le clavier, l’orchestre de chambre, et de nombreux opéras et opéras-ballets. Il fut l’un des artisans les plus impliqués dans la fameuse « Querelle des Bouffons » qui opposa le style français et le style italien. Enfin, la carrière plus tardive de Daniel-François-Esprit Auber s’est déroulée au lendemain de la Révolution de 1789. Il composa surtout une série d’opéras qui firent l’essentiel de sa gloire. Il fut très impressionné par Rossini qui déclara à son propos : « Auber fait de la petite musique, d’accord ; mais il l’écrit en grand musicien. »
Ces quatre compositeurs possèdent en commun un style bien français. Richesse de la mélodie, de l’orchestration et de l’harmonie. La musique française à Versailles est sophistiquée, et l’on y découvre sans cesse de nouveaux détails qui avaient échappé à la première écoute.
Les 9, 10 et 11 mai, l’Orchestre de Chambre de Toulouse, dirigé par Gilles Colliard, célèbrera donc ce répertoire raffiné et plein d’élégance.
Serge Chauzy
Une Chronique de Classic Toulouse
Le Phare à Tournefeuille le mercredi 09 mai
Saint-Pierre des Cuisines à Toulouse les jeudi 10 et vendredi 11 mai