Noureev, un film de Ralph Fiennes
Les biopics sont le dernier genre cinématographique à la mode. Pourquoi pas ? Cela peut donner un chef-d’œuvre comme Bohemian Rhapsodie, mais aussi…. Rocketman. Pour l’heure le grand acteur britannique Ralph Fiennes se met derrière la caméra et nous propose un film sur la jeunesse d’une icône de la danse classique, Rudolf Noureev (1938-1993).
Etait-ce vraiment raisonnable que de vouloir enfermer le bouillonnant, sulfureux et génial tatar dans un long-métrage de 2h07’ ? Etait-ce tout simplement possible de résumer l’émergence dans toute sa complexité du plus grand danseur de tous les temps ? La réponse est dans la question.
D’aller-retour en aller-retour, le scénario nous plonge dans le Transsibérien en mars 1938. C’est là que naît Rudolf, dans une miséreuse troisième classe. Assez rapidement nous le croisons étudiant dans l’une des plus célèbres écoles de danse soviétiques. Puis, nous sommes en 1961, alors que la troupe du Mariinsky se produit à Paris. C’est alors que ladite troupe doit prendre l’avion pour Londres à l’aéroport du Bourget que Noureev se jette entre les mains de la Police française et demande l’asile politique, au nez et à la barbe des membres du KGB qui, pourtant, le marquaient à la culotte. C’est sur ce fait accompli que se termine le présent film. C’est la dernière demi-heure et c’est la plus intéressante, montrant très précisément la mainmise de la politique dans le domaine culturel et sur les artistes eux-mêmes. Ce qui précède est l’émergence d’un être exigeant envers lui-même, d’une arrogance sans pareille, conscient de son immense talent. Mais tout cela manque de flamboyance alors que l’artiste, même jeune, était déjà digne des princes de la Renaissance. Assoiffé de liberté, autant artistique que culturelle et sexuelle, Noureev fut littéralement happé par Paris, son patrimoine et ses nuits… enfiévrées. Directeur de la danse, puis Maître de ballet et Chorégraphe en chef de l’Opéra de Paris de 1983 à 1992, il a fait de cette Compagnie, encore à ce jour, la première du monde, construisant autour de sa carrière une véritable légende peut-être bien impossible à mettre en images. Et pourtant, en faisant tourner pour la première fois le jeune danseur ukrainien Oleg Ivenko (Noureev), le réalisateur a trouvé la perle rare, tant en termes de ressemblance que de talent artistique.