De 1958 à nos jours. De l’URSS à La France en passant par le Maroc et l’Afrique du Sud. Jean-Christophe Rufin nous entraîne sur les traces d’un couple titubant d’amour. Des aventures, des ruptures, des ratés, des blessures mais d’éternelles retrouvailles. Ludmilla et Edgar. Un « je t’aime moi non plus » moderne et éclairé où l’acte de mariage se joue 7 fois, toujours avec la même personne. Entre autofiction et fresque sociale relatant la solitude des deux personnages au sein d’un capitalisme décomplexé et sous une pluie de paillettes des années 80, ce roman permet de donner une définition moins clinquante du Grand Amour et finalement d’y croire encore …
Et si le Grand Amour se bâtissait progressivement plutôt que de se dévoiler d’emblée ? Et si on arrêtait de le bader béatement et de l’imaginer parfait, lisse, immuable, muet ? Le Grand Amour n’est pas linéaire, le couple n’est pas binaire, les folles nues dans les arbres épousent des simili reporters fauchés , les cantatrices cinglées s’unissent aux capitaines de l’industrie aux techniques douteuses et personne ne dit rien.
Parce que l’Amour existe. Parce que ce sont peut-être les séparations, les tromperies, les désillusions, les acceptations de l’imperfection de L’Amour qui en font sa rareté.
A chaque mariage du couple aussi chaotique qu’attachant, les personnages solaires, radieux et francs de Ludmilla et Edgar semblent se connaître de moins en moins, se redécouvrir, s’habituer tant bien que mal à la nouvelle identité de l’autre pour ne plus parvenir à vivre sans. On s’enivre de leurs vies éclatantes, de leur propension à contrer la routine, de leur faculté à se laisser tenter par d’autres vies parallèles, par crainte de louper celle-ci peut-être … mais toujours, on a envie d’y croire !
« Le mariage est une chose beaucoup trop sérieuse pour la faire à vingt ans », c’est ce que disent les personnages en fin de roman, lorsque chenus, ils se préparent à leur dernière union.
Alors on les envie, alors on les plaint, alors on se demande qui partira le premier et qui devra attendre toujours bien trop longtemps avant de saisir à nouveau la main de l’autre pour ne plus jamais la lâcher ….
Les sept mariages d’Edgar et Ludmilla • Jean-Christophe Rufin (Gallimard)