Bienvenue à Marwen, un film de Robert Zemeckis
Sortant d’un coma qui l’a rendu amnésique, Mark Hogancamp se lance dans la construction au 1/6e d’un village belge durant la dernière guerre (39/45), Marwen, le peuplant de figurines auxquelles il va faire vivre d’extraordinaires aventures. L’histoire est vraie. Le film est un fabuleux tour de force cinématographique.
Nous sommes en 2000, à New York. Mark a 38 ans. Séparé de sa femme, cet ancien de l’US Navy s’est réfugié dans l’alcool. Un soir, au sortir d’un bar où il a trop dit qu’il avait une vraie passion pour les chaussures de femme, il se fait tabasser par une bande de néonazis. Plongé dans le coma pendant plus d’une semaine, il va en ressortir avec une mémoire et des facultés altérées. Frappé par une obsession, celle de construire la maquette au 1/6e d’un village belge durant la Seconde Guerre mondiale, il va le peupler de figurines de 30 cm représentant des pin-ups armées jusqu’aux dents, mais aussi l’envahisseur nazi et…lui-même en Capitaine Hogie. Cette agression, sans nul doute homophobe, pour laquelle les auteurs ont été lourdement et justement condamnés, a donné lieu à un documentaire qui est tombé par hasard sous les yeux de Robert Zemeckis. Il n’en a pas fallu moins pour que ce dernier se lance sur le sujet.
Originalité, inventivité, créativité, virtuosité, humanité, empathie, voilà les premiers mots qui arrivent à l’esprit en évoquant ce film. Nous connaissons ce réalisateur passé maître dans l’art de la motion capture depuis longtemps, maître également du mélange à l’écran d’images réelles et virtuelles, voir Qui veut la peau de Roger Rabbit en 1988, le voici dans un exercice plus difficile car, au travers de sa maîtrise technique, c’est toute une thérapie psychologique qu’il doit illustrer. Celle d’un homme essayant de se reconstruire après un traumatisme majeur. L’aventure cinématographique est ici aussi belle qu’envoûtante, ensorcelante, fascinante. Les constants passages derrière le miroir d’une âme brisée que nous propose le réalisateur sont autant d’intrusions intimes dans la psyché de Mark vs Capitaine Hogie. Nous connaissions Steve Carell (Mark) pour ses comédies. Ici il est l’élément central d’un drame hautement personnel qui émeut profondément. Il révèle ici un potentiel dramatique difficile à soupçonner auparavant. Quant à ce film qui, vous l’avez compris, mêle animation et prises de vues réelles, c’est un émouvant sommet de l’art cinématographique sur le thème d’une résurrection.
Robert Pénavayre
Bienvenue à Marwen – Réalisateur : Robert Zemeckis – Avec : Steve Carell, Leslie Mann, Eiza González…
Robert Zemeckis – Un étudiant oscarisé !
Licence de cinéma en poche, le jeune Robert se lance dans le métier tout en ayant dans son bagage rien moins qu’un Oscar, celui du Meilleur film d’étudiant pour son court-métrage : Field of Honor. Steven Spielberg va le prendre sous son aile pour son premier long en 1978, la comédie Crazy Day. Robert Zemeckis a 26 ans et démarre ainsi une carrière qui va exploser au box-office avec A la poursuite du diamant vert en 1984. La suite, nous la connaissons tous, ce sera la saga-culte Retour vers le futur puis son chef-d’œuvre à ce jour Forrest Gump en 1994 et 6 Oscars à la clé ! Si ce réalisateur nous avait fait peur avec Alliés en 2016, le voilà de retour en super-forme !