Fleuve noir, un film d’Erick Zonca
Librement adapté du roman de l’Israélien Dror Mishani : Une disparition inquiétante, le dernier opus du réalisateur de La vie rêvée des anges (1998) nous raconte deux histoires en une.
Concept difficile à maîtriser et qui, il faut bien le dire, n’est pas ici totalement abouti. La première histoire nous met dans les pas du Commandant Visconti (Vincent Cassel en clone de Columbo complètement imbibé). Il est alcoolo, bien sûr, séparé de sa femme, évidemment, et tente de garder un œil sur le fiston qui, lui, n’a rien trouvé de mieux que de dealer comme un fou.
Autant dire que leurs rencontres sont orageuses. Mais voilà, malgré tout, Visconti est un excellent policier. Il vient d’être mis sur la disparition d’un jeune homme, Dany, et, comme d’habitude dans ces cas-là, il procède à des interrogatoires, plus ou moins sympathiques. Ce faisant, il croise Yann (Romain Duris que l’on a connu plus affûté). Yann est prof de français et se rêve romancier. Il est de plus le prof particulier de Dany et va se montrer très collaboratif dans cette enquête. C’est la seconde histoire, celle d’un frustré qui s’immisce dans un fait divers afin d’en apprécier toutes les subtilités afin de les coucher sur le papier. Voire plus… A courir plusieurs lièvres, il n’est pas rare de n’en cibler aucun. C’est le cas ici. Les deux histoires sont, en elles-mêmes, intéressantes, surtout la seconde, mais cette dernière n’aurait-elle pas dû être l’essentiel du film ? Au lieu de cela, Erick Zonca tente de nous faire prendre de fausses pistes, n’économise pas certaines lourdeurs et invraisemblances (défaut fatal dans un thriller) et nous offre un twist final tiré par les cheveux. Vraiment pas le meilleur polar de l’année !
Robert Pénavayre