La fondatrice à l’origine du Festival, Carmen Mateu de Suqué, récemment décédée, déclarait en son temps « C’est un honneur de voir comment cet embryon, qui a commencé comme une aventure musicale passionnée, est devenue un événement de portée internationale qui jouit d’une reconnaissance et d’un prestige remarquables auprès du public, des artistes et de la critique. »
L’affiche est telle que, consacré à la musique, au chant et à la danse, le Festival reste bien une référence culturelle incontournable dans le pays, avec un rayonnement réellement international. Au total, 22 spectacles vont se succéder dans les lieux habituels du Festival. Un festival qui va de Acis et Galatea de Haendel à la formation disco-funk Kool & The Gang, de la star de la danse classique Svetlana Zakharova à Maria Pagès, de Jonas Kaufmann à Carla Bruni, de La Flûte enchantée du “divin“ Mozart à Santana, ce groupe mythique avec son guitariste de légende, Carlos Santana, qui a fait naître une musique née de la fusion improbable d’accents afro-latin-blues-jazz-rock, il y a maintenant, plus de cinquante ans !
Le Festival débute le 5 juillet avec l’immense Messa de Requiem de Giuseppe Verdi. Messe monumentale, prière des Morts, glorification des vivants, Messe du culte, poème révolutionnaire, ou simple office religieux au climat théâtral, tel résonne, par-delà les ans, le fameux Requiem de Verdi. Sans doute a-t-il soulevé bien des controverses, mais il a aussi suscité, jusqu’au plus profond des peuples, depuis sa création, un enthousiasme fabuleux dont la flamme n’est pas prête de s’éteindre…Il se terminera avec un spectacle aux antipodes, intitulé Folia, le 17 août, un mélange de danse, hip hop et musique baroque, une proposition aussi originale que captivante, en coproduction avec Les Nuits de Fourvière et le Centre Chorégraphique National de Créteil et du Val de Marne, le chorégraphe et metteur en scène étant Mourad Merzouki.
Le Requiem de Verdi comptera sur les forces vives des pupitres de l’Orchestre symphonique de Barcelone et national de Catalogne sous la baguette de Giampaolo Bisanti. Les voix seront celles du Chœur Intermezzo et les solistes Leah Crocetto, Ekaterina Gubanova, Charles Castronovo et Alexander Vinogradov chanteront en souvenir de Carmen Mateu, alma mater de ce rendez-vous musical au sommet. L’hommage à la fondatrice ne manquera pas d’émotion, c’est certain.
C’est dans une édition qui se distingue par un contenu lyrique très conséquent que le directeur de théâtre Oriol Broggi, débutera dans le domaine de l’opéra en dirigeant un nouvelle mise en scène de La flûte enchantée de Mozart, nouvelle production du festival de l’Ampurdan, pour deux représentations, le 6 et 7 août à l’Auditorium. Mettre en scène ce singspiel en deux actes est toujours un “sacré“ événement. C’est un véritable défi et pari, et pour le Festival et pour Oriol Broggi. Ce sera sous la direction musicale de Josep Pons, chef d’orchestre très apprécié par notre propre Orchestre national du Capitole, et avec la participation de l’Orchestre symphonique et le Chœur du Grand Théâtre du Liceu. Une distribution internationale à la tête de laquelle se remarquent Adrian Ërod, Liparit Avetisyan, Olga Kulchynska et Kathryn Lewek sans oublier la participation d’Anaïs Constans, Prix Festival Castell de Peralada au Concours Viñas 2017, Micaëla de la dernière série de Carmen donnée à Toulouse.
Trois autres opéras seront représentés dont un autre avec scénographie, Acis et Galatée de Haendel, ce fameux masque en un acte, un ouvrage parmi les plus populaires du vivant du compositeur, avec à la direction scénique, le jeune Rafael R. Villalobos, spectacle qui mettra un point final au chapitre lyrique, le 8 août dans le Cloître du Carme. Deux autres en version concert, Thaïs de Jules Massenet avec Placido Domingo, mais oui, et l’éblouissante Ermonela Jaho, osons le qualificatif, tant dans Cio-Cio San que dans Traviata. Domingo sera bien le moine cénobite qui succombe aux plaisirs de la chair, et non Nicias le jeune amant de Thaïs, pour voix de ténor chanté par Michele Angelini. C’est le français Patrick Fournilier qui dirige le Chœur et l’Orchestre du Théâtre Royal de Madrid. Evénement lyrique assurément. Thaïs arrive à Peralada, comme à Salzbourg deux ans auparavant, avec déjà le même chef et le même moine ! On leur souhaite le même succès.
Et le 5 août, Rinaldo de Haendel, le plus formidable des opéras haendéliens, lui aussi, représenté ici pour la première fois, avec ni plus ni moins que Xavier Sabata dans le rôle principal, dans la version de 1731. Le contre-ténor, artiste résident du Festival de Peralada 2018, chantera aux côtés de Núria Rial, Hillary Summers, Mary-Ellen Nesi, Juan Sancho, Josep-Ramon Olivé , une très belle distribution tout à fait adéquate pour ce type d’ouvrage lyrique baroque. Dani Espasa est au clavecin et dirige les Vespres d’Arnadi.
Thaïs sera donné en plein week-end opératique puisque la veille, soit le 28 juillet, les fans du plus médiatique des ténors actuels, j’ai nommé Jonas Kaufmann, seront présents. L’idole sera accompagné pour l’occasion par le Chœur et l’Orchestre du Théâtre royal de Madrid. Les places seront âprement disputées, et qu’importe le programme. Ce sera complet. Tandis que la veille, encore un autre ténor dit à la voix d’or, mais dans une autre palette, attirera la foule en l’église du Carmen, c’est Javier Camarena. Les aficionados d’aigus et suraigus se doivent d’être présents ! Le 29, c’est bien un ténor de légende qui sera sur scène mais dans un rôle pour baryton, car en effet Placido Domingo, ayant épuisé tous les rôles ou presque pour ténor, se lance dans les rôles pour tessiture de baryton et ce, depuis quelques années. Sa voix le lui permet bien sûr. C’est bien Athanaël qui l’attend.
Côté chant lyrique, on ne peut oublier la soirée en l’église du Carmen le 3 août, soirée occupé par un autre ténor encore Josep Bros accompagné au piano par Marco Evangelisti, dans des arias de Tosti, et autres compositeurs italiens, ainsi que des mélodies de Massenet et Bizet. Un ténor au vaste répertoire, un habitué de la maison, si l’on peut dire, que les fervents du Festival ont pu applaudir dans de nombreux ouvrages donnés sur la scène de l’Auditorium, avec des débuts honorés il y a un quart de siècle maintenant. Une très belle carrière en ces lieux.
Le programme DANSE vous réserve de belles surprises, que dis-je, de très belles surprises, à commencer par la venue en Espagne d’un monument actuel de la danse classique, j’ai nommé Svetlana Zakharova, première danseuse du Théâtre du Bolchoï, danseuse étoile du ballet du Teatro alla Scala, avec à ses côtés des étoiles du Bolchoï, dans un spectacle intitulé Amore. Elle a choisi trois chorégraphes de renommée mondiale pour créer cette œuvre. Elle dansera Francesca du Francesca da Rimini, musique de P. I. Tchaïkovski. Elle dansera aussi le Rain Before It Falls sur des musiques de Jean-Sébastien Bach, Ottorino Respighi et Carlos Quintana-Pina. Et enfin, sur une musique de W.A. Mozart, Strokes Trough the tail. C’est pour le 13 août. Une seule représentation pour cette première sur le territoire espagnol.
En suivant, mais ce, dès le début du festival en ce 13 juillet, le Ballet du Capitole de Toulouse sous la direction de Kader Belarbi, présentera en Espagne une nouvelle Giselle, sa Giselle. Dans sa version, le chorégraphe souhaite renforcer le dualisme entre monde terrestre et surnaturel. Puisant aux sources musicales d’Adolphe Adam, il s’empare de l’histoire de Giselle, afin de l’écrire avec ses propres mots, tout en respectant le chemin de la tradition. Nous pouvons témoigner en tant que toulousain, que ce spectacle est bien une parfaite réussite, donné au Théâtre du Capitole à deux reprises avec à chaque fois, une série de représentations toutes complètes. Une réussite. Normal que la production se retrouve dans la programmation de ce Festival.
María Pagés présentera en Catalogne Una Oda al Tiempo le 20 juillet. L’artiste a fait de la danse et du flamenco, sa patrie poétique. Sur son talent, un certain José Saramago, portugais, prix Nobel de littérature, a écrit : « Que Maria Pagès soit habitée par la danse, nous le savons et le proclamons tous. Mais il y a quelque chose de plus chez cette femme : elle danse et, en dansant, elle fait bouger tout ce qui l’entoure. Ni l’air, ni la terre ne sont les mêmes après que Maria Pagés ait dansé. » Les musiques sont de sources diverses. Elle est accompagnée sur scène par 4 bailaoras, 4 bailaores et sept musiciens en direct. Toute la mémoire flamenco est là, mais Maria Pagés veut considérer le flamenco comme un art en constante évolution, contemporain, vivant, généreux et hospitalier. D’où l’originalité de sa création.
Mais ce n’est pas tout. L’accent international de l’Été musical sera représenté par Rufus Wainwright (7 juillet), Carla Bruni (21 juillet), Santana donc le 11 août et Kool & The Gang (15 août), une des meilleures et des plus populaires formations de R&B, soul, funk et disco. Le chanteur-compositeur Serrat, l’artiste qui s’est produit le plus souvent sur la scène de Peralada commencera en Catalogne, le 6 juillet, sa tournée Mediterraneo Da Capo retrouvant son public fidèle. Le 9 août, le tandem Sílvia Pérez Cruz & Marco Mezquida, la voix et le piano, présentera en avant-première un travail conjoint, fusion de deux manières d’appréhender les musiques dans leur grande diversité.
Le Festival se doit d’innover. Cet été, deux nouveaux sites sont inaugurés pour offrir des expériences culturelles avec de nouveaux formats. Le 12 juillet, Finca Malaveïna (Garriguella) accueillera une soirée de viticulture et jazz dans un site de rêve avec Ignasi Terraza Trio. À l’occasion du vingt-cinquième anniversaire du Golf Peralada, l’une des spectaculaires terrasses de l’Hôtel Peralada Wine Spa & Golf devient le cadre parfait pour profiter d’une nuit de Cabaret. Xavier Sabata et Rafael R. Villalobos présenteront El Bis, sous la direction musicale de Dani Espasa.
Pierre et le loup avec Brodas Bros est la proposition du Petit Peralada – sous entendu, spectacle pour les enfants – en cette année 2018. Elle arrive à Peralada avec l’Orchestre symphonique du Vallès, en collaboration avec SonarKids. Musique classique, hip-hop, culture urbaine et littérature, une subtile et originale combinaison pour une proposition fraîche et familiale, dans laquelle on retrouve la fable musicale universelle Pierre et le loup. Une année de plus, comme signe de reconnaissance au bourg de Peralada, un concert gratuit sur la Grande Place mené par la formation musicale spécialisée dans le répertoire baroque et son directeur, Vespres D’Arnadí et Dani Espasa. Ils interprèteront la Musique pour les feux d’artifice royaux et Musique aquatique de G.-F. Haendel, parachevant le côté baroque de ce Festival 2018.
La Fondation Castell de Peralada, dans le cadre de sa politique de responsabilité sociale, collaborera à nouveau dans l’organisation de la Nuit de l’Alzheimer au bénéfice de la Fondation ACE, organisme privé consacré au diagnostic, traitement, recherche et soutien aux personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer et autres démences. Ce sera pour le 20 juillet, la Nuit de l’Alzheimer au Festival de Peralada.
Michel Grialou
Festival Castell Peralada
juillet – aout 2018
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Billetterie en ligne • Téléchargement du programme
Carlos Santana © Adriano Scognamillo • Charles Castronovo © Pia Clodi • Ekaterina Gubanova © Alexander Karnaushenko • Oriol Broggi © Ros Ribas Marsé • Ermonela Jaho © Fadil Berisha • Nuria Rial © Merce Rial • Javier Camarena © Jonathan Muró • Jonas Kaufmann © Gregor Hohenberg / Sony Classical • Svetlana Zakharova © Vladimir Fridkes • Ballet du Capitole © David Herrero • Rufus Wainwright © Matthew Welch