Hostiles, un film de Scott Cooper
Il faut oser, en 2018, proposer un western en plein cœur de sorties intergalactiques. C’est pourtant le challenge de Scott Cooper. Complètement bouleversé par le scénario mis sous ses yeux, il décide de se lancer dans cette aventure pour le moins risquée. Bingo ! Nous avons-là l’un des meilleurs films projetés cette année. Certes le 31 décembre est loin, mais il serait étonnant que l’on oublie une pépite pareille.
Wes Studi (Yellow Hawk) et Christian Bale (Capitaine Joseph)
Nous sommes en 1892. Joseph, capitaine de cavalerie, héros de guerre, est aujourd’hui gardien de prison. Son commandant va lui confier une mission qu’il va refuser dans un premier temps, celle d’escorter Yellow Hawk, un chef cheyenne, et sa famille sur la terre de leurs ancêtres, le Montana.
Dans l’obligation d’accepter, Joseph constitue une petite patrouille et tout ce monde part vers le Nouveau-Mexique. En chemin ils croisent une ferme jonchée de morts. Seule Rosalie a échappé aux Comanches. Elle va se joindre à l’équipage. Il est évident que, dès le début, la promiscuité entre Blancs et Amérindiens est porteuse de tension. Chacun a des raisons profondes de haïr l’autre. Sur leur route, les obstacles et les dangers ne vont pas manquer. Pour les franchir il faudra s’unir. Et mieux, se comprendre. Peut-être se pardonner. C’est à ce long chemin de rédemption que nous convie le cinéaste, au milieu de décors naturels d’une beauté souveraine. Evitant les clichés collés au genre, il nous invite à une introspection pleine de douleur et de compréhension.
La dure réalité et la sauvagerie de ces temps hostiles manqueront à plusieurs reprises de faire basculer cette voie de salut dans l’horreur et l’échec. Portés par une caméra incisive et virtuose, les comédiens sont exceptionnels. Au premier rang de ceux-ci l’acteur britannique Christian Bale.
C’est lui Joseph, ce capitaine brisé par des combats sanglants, ici dans une posture qui frôle la tragédie grecque dans son accomplissement du fatum. Il est tout simplement formidable. A ses côtés Rosamund Pike (Rosalie) et Wes Studi (Yellow Hawk) lui donnent une réplique sans faille, tout comme la petite poignée d’acteurs qui les accompagne. Du grand art sur une bo renversante signée Max Richter, en même temps qu’une profonde réflexion particulièrement documentée sur l’un des génocides les plus massifs de l’Histoire. A voir impérativement.
Robert Pénavayre
Hostiles – Réalisateur : Scott Cooper – Avec : Christian Bale, Rosamund Pike, Wes Studi…
Christian Bale – Le cinéma dans la peau
A 8 ans, ce jeune gallois apparaît déjà dans des spots publicitaires. A 10 ans, il est déjà sur les planches. A 13 ans, en 1987, il tourne son premier film. Dans la foulée, il décroche l’un des rôles principaux de L’Empire du Soleil de Steven Spielberg. La suite, nous la connaissons. Entre films en costumes, films de science-fiction, heroïc fantasy, thrillers et autres drames, Christian Bale devient l’enfant chéri d’Hollywood. Faisant subir à son corps des prises et des pertes de poids de 30 kgs, il se forge une stature d’acteur physique qui lui vaut d’endosser avec le même bonheur le collant de Batman et de brandir le bâton de Moïse. Un artiste complet en quelque sorte. Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle en 2011 pour Fighter (David O. Russell).