C’est l’événement, et le mot est faible. Les voilà membres d’une nouvelle programmation dénommée La Saison bleue. Six lieux toulousains vont accueillir trente-et-un concerts tout au long de la saison 2017 / 18. C’est toujours sous la houlette de l’imaginative direction artistique d’Alain Lacroix que s’est construite cette nouvelle programmation où l’on retrouve musique classique, chants du monde et jazz. Artistes consacrés et petits nouveaux vont se succéder tout au long de la saison…bleue.
L’emblématique Salle Bleue de la rue Croix-Baragnon et son relatif inconfort seront vite oubliés au profit de lieux plus propices à l’écoute de la musique proposée, dans un confort meilleur aussi bien pour le public que pour les artistes! De ce début de programmation fin 2017, ce qui est passé, est passé, et l’on ne nous en voudra pas j’espère mais, 2018 commence bien sur les chapeaux de roue avec un récital de piano du tout jeune François Moschetta dans un programme fourni et fort “culotté“. Que des Préludes de, Debussy, Chopin, Scriabine, et Rachmaninov. La jeunesse n’a pas froid aux yeux ! C’est pour le mardi 9 janvier. Certains l’ont peut-être déjà entendu dans le cadre de Musique au Palais 2016. Mardi 23, c’est toujours piano avec François-Michel Rignol dans un programme rare puisque consacré entièrement à la musique pour piano composée par un très grand organiste du XXè siècle, Marcel Dupré. Les deux récitals ont lieu à l’Auditorium Jean Cassou du Musée les Abattoirs.
Si on a pu titrer « Le pianiste Philippe Cassard, un fidèle de la Salle Bleue, Espace Croix-Baragnon, un immense musicien aux passions éclectiques », il ne reste plus qu’à corriger et écrire : un fidèle, toujours à Toulouse, dans la saison bleue avec ses fameuses Notes du traducteur du mardi. Ce 16 janvier, coup d’envoi pour la septième saison, ce sera Autour du Concerto n°1 de Johannes Brahms. On n’oublie pas que ces moments affichent complet et la salle au sous-sol du musée est juste un peu plus grande, donc prenez vos dispositions ! et pour deux séances 18h15 et 21h.
Petit rappel sur l’artiste :
« Un habitué qui a ses “groopies“, mais comment pourrait-il en être autrement ? le talentueux bonhomme, fou de piano, a le discours qui respire la pédagogie sans forfanterie et pour qui a décidé d’apprendre quelque chose sur une œuvre et son compositeur, c’est sa parole qu’il lui faut. Surtout que notre vulgarisateur de talent ne fonctionne pas dans l’urgence de l’info à vitesse grand V. Mais c’est vrai qu’ils ne sont pas nombreux les pianistes capables de disserter avec clarté de ce qu’ils interprètent.
C’est le même type d’approches qu’il a sur les ondes, France-Musique pour ne pas la nommer. Producteur, on lui laisse libre cours et lui permet donc en toute subjectivité, comme il dit !! de nous informer, de dire aussi ce qu’il pense, aidé ou non par quelque(s) invité(s) qu’il choisit, évidemment. C’est un fou aussi de Schubert, Schumann, Debussy, qui adopte comme principe : « Il faut jouer ce pour quoi on est fait. » Son ouverture d’esprit, une soif de l’inconnu depuis ses tout débuts lui permettent d’avoir un répertoire relativement vaste.
Dès ses premières prestations en public, Philippe Cassard est reconnu comme sachant conquérir son public par un tempérament de feu, un toucher admirable, un art de laisser parler ses voix intérieures, enfin un jeu dans lequel la passion n’exclut pas la délicatesse. D’ailleurs une artiste du niveau de Natalie Dessay ne s’y est pas trompée. C’est bien lui qui l’a accompagnée au cours de son récital de mélodies qui les a amenés aux quatre coins de la planète dans un tour du monde impressionnant. »
Il joue, il compose, il enseigne, il transmet, c’est un autre habitué de la Ville rose, le dénommé Jean-François Zygel, véritable homme-orchestre, qui œuvre avec talent, déployant les multiples facettes de son art dans maints endroits culturels de la cité, et plus particulièrement de la Salle Bleue, et donc maintenant, à l’Auditorium de Saint-Pierre des Cuisines où son public pourra être encore plus nombreux. Sa rubrique s’intitule Journal intime #2, l’artiste se plaisant à citer : « C’est quand même une drôle d’histoire, l’improvisation. Le public ne sait pas ce qu’il va entendre et l’improvisateur ne sait pas ce qu’il va jouer. »
Ne pas oublier que le musicien est considéré aussi comme l’un des meilleurs spécialistes de l’accompagnement de films muets en concert. C’est l’un, dit-il, de ses “boulots “ préférés car c’est bien lui, l’homme aux treize métiers. Il a été, mais n’a plus le temps matériel, chef de chœur, tout comme chef de chant, dans sa jeunesse encore arrangeur et orchestrateur, critique musical. Il est toujours accompagnateur. Enfin, Jean-François Zygel est compositeur et déclare d’ailleurs que ce sera sûrement son ultime métier après avoir dit au revoir à tous les autres, l’avant-dernier, laissé sur le bord du chemin étant l’improvisation, la source de toute la musique, ancienne et actuelle, cette invention à l’état incandescent qu’il pratique au piano depuis sa tendre enfance, avouant berner alors quelque peu son père qui ne faisait pas toujours la différence entre la partition et la broderie ! Improviser et composer, après avoir abandonné toute forme d’enseignement, cette activité impossible mais nécessaire, continuant son métier le plus récent, homme de spectacle car, il le reconnaît, il adore être en scène, interpréter toutes les musiques qui l’habitent, “passeur “aussi “ jusqu’au bout usant d’une très belle formule : « pour passer, il faut d’abord être ». Il reste pianiste d’orchestre, ce qui le rapproche de l’écriture de musique contemporaine puisque c’est le plus fréquemment dans les œuvres du XXè siècle que le piano est présent sur le plateau.
Ce piano qui ne va guère nous quitter pendant tous les jours de cette première quinzaine du mois de janvier 2018. A vos agendas pour maintenant et plus tard dans la saison.
Michel Grialou
La Saison Bleue
Philippe Cassard © Vincent Catala
François-Michel Rignol © JB Millot
François Moschetta © Daniel Nassoy
Jean-François Zygel © Marie-Noelle Robert