Le succès de Pixel ne se dément pas. Le spectacle vient d’être présenté pour la deuxième fois à Odyssud. Dans cette pièce, le chorégraphe Mourad Merzouki tente une nouvelle expérience : le numérique s’invite dans la danse … et le pari est totalement réussi !
Pour la première fois, Mourad Merzouki a choisi d’intégrer à la danse la projection de vidéos interactives. L’idée est née de sa rencontre avec la Compagnie Adrien M / Claire B (Adrien Mondot et Claire Bardainne) qui propose des créations dans le champ des arts numériques. Le résultat est captivant.
Les danseurs sont plongés dans un univers en 3D, constitué de milliers de pixels avec lesquels ils interagissent. Ils jouent avec ce décor qui bouge en fonction de leurs mouvements ; pluie de pixels, terrain accidenté, drapés de points lumineux … un monde qui, malgré son aspect virtuel et immatériel, n’en demeure pas moins poétique et onirique. Car Mourad Merzouki utilise la technologie intelligemment. L’attraction qu’exerce la vidéo sur l’œil du spectateur ne le détourne pas de la danse. Projections numériques et chorégraphie se complètent, se sublimant l’une l’autre dans un équilibre parfait. Jamais la vidéo ne supplante la danse et c’est là qu’est la réussite.
Composant autour de cette nouvelle contrainte qu’il a choisi de s’imposer, Mourad Merzouki crée des mouvements très dessinés, légers et graves à la fois. Il invente des tableaux animés, tous d’une grande qualité et d’une haute technicité, sans exception.
La recherche du mouvement passe par la danse, les projections numériques mais aussi par d’autres pratiques. Le chorégraphe a fait appel à une contorsionniste, Élodie Chan, formée notamment à l’École nationale du Cirque de Pékin, et à un danseur circassien, Julien Seijo, spécialiste de la roue Cyr. Le hip-hop est toujours bien représenté. Figure du mouvement dans les années 90, Mourad Merzouki continue, avec Pixel, de consacrer à cette danse une place centrale. Les danseurs sont d’ailleurs portés par l’énergie du hip-hop même après la fin du spectacle, quand deux ou trois d’entre eux se lancent dans des solos, sous les applaudissements du public, conquis.
Léa Guichou
photo © Laurent Philippe