Le Ballet du Capitole vient de recruter un nouveau soliste : Rouslan Savdenov. Un jour, la danse s’est emparé de lui et depuis, elle ne l’a plus quitté. Des steppes du Kazakhstan à Toulouse, en passant par le Ballet de Perm en Russie, au pied de l’Oural, Rouslan Savdenov pousse toujours plus loin, sans cesse à la recherche de nouveauté. Il est à l’affiche de Giselle, du 19 au 24 octobre au Théâtre du Capitole.
Rouslan Savdenov sort de répétition, jovial. Les yeux rieurs, il commence à raconter comment la danse est entrée dans sa vie. A l’époque, il était encore enfant et pratiquait le karaté : « Je regardais les films avec Jean-Claude Van Damme, vous savez, l’acteur belge. Un jour, j’ai appris qu’il avait fait de la danse classique pour améliorer sa souplesse ». L’information n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Quelques temps plus tard, quand des recruteurs de l’Ecole chorégraphique d’Almaty viennent dans son école, Rouslan n’hésite pas une seconde : « L’un d’entre eux m’a demandé : tu veux faire de la danse classique ? J’ai pensé à Jean-Claude Van Damme et j’ai dit oui ».
A la maison, on l’encourage. Ses parents, issus d’un milieu modeste – son père est chauffeur de camion –, n’ont jamais dansé de leur vie. Mais ils sont heureux que leur fils plie bagage pour parcourir le monde : « Les Kazakhs étaient des nomades. Je suis un nomade ». Son premier voyage l’emmène à Kazan où il intègre le Conservatoire et l’Opéra national du Tatarstan. Rouslan Savdenov s’initie au répertoire russe. Il découvre Shurale, un des ballets les plus populaires du folklore tatar, un de ses rôles préférés. Shurale est un esprit malfaisant qui vit dans la forêt, une créature d’apparence humaine recouverte de fourrure, aux longs doigts osseux, qui tourmente les humains. On imagine très bien le jeune Rouslan enfiler le costume de ce monstre, avec son côté malicieux et sa façon de danser pleine de vie, de fraîcheur et empreinte d’une grande générosité.
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« Les Kazakhs étaient des nomades. Je suis un nomade »
Obsédé par la nouveauté, toujours soucieux de progresser, Rouslan Savdenov saisit l’opportunité d’intégrer le Ballet de l’Opéra Tchaïkovski de Perm. Il déménage une nouvelle fois. Bonne pioche. C’est là qu’il fait la connaissance du maître de ballet Alexey Miroshnichenko, une rencontre qui a marqué sa carrière : « Il m’a apporté un souffle nouveau ainsi qu’au Ballet de Perm et plus généralement au ballet russe », estime Rouslan Savdenov. Au programme, les grands classiques: Casse-Noisette, Le Corsaire. Il se frotte aux chorégraphies de George Balanchine (Kammermusik n°2, Rubis, …) ou encore William Forsythe (The Second Detail). Il interprète des rôles-clés du répertoire : Roméo, Basile, Siegfried … et un certain Albrecht, rôle qu’il incarne de nouveau aujourd’hui au Ballet du Capitole.
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« Hilarion est un personnage terrien. »
Habitué aux rôles de princes, Rouslan Savdenov fait face à un nouveau défi. A Toulouse, il interprète pour la première fois le personnage d’Hilarion, un garde-chasse amoureux de Giselle : « Hilarion est un personnage terrien. Je dois danser proche du sol, les mouvements sont moins aériens qu’avec Albrecht ». Sur la scène du Capitole, Rouslan interprète les deux rôles tour à tour, un challenge qui a tout pour lui plaire.
A 34 ans, il espère que son passage en France va lui permettre d’étoffer son répertoire : « Les danseurs français peuvent tout faire. Du contemporain, du classique, du moderne, alors que les genres sont très séparés en Russie et les danseurs plus spécialisés ». Pour la première fois, le soliste va danser Les Liaisons dangereuses, Cantata et les trois chorégraphies de Roland Petit présentées par le Ballet du Capitole cette saison (Les Forains, L’Arlésienne et Carmen). Sur la scène toulousaine, Rouslan n’est pas complètement en terrain inconnu. Il retrouve Natalia de Froberville avec qui il a déjà partagé l’affiche en Russie, quand ils étaient tous les deux danseurs au Ballet de l’Opéra Tchaïkovski de Perm. Et puis il y a à ses côtés Alexandra Surodeeva, elle aussi recrutée comme soliste cette saison, sa partenaire sur scène, comme à la ville.
Toujours avide de nouveaux horizons, Rouslan a donc posé ses valises en France… jusqu’à quand ? Il ne veut pas se prononcer sur la suite, l’avenir le dira. En attendant ses journées sont entièrement consacrées à la danse et à sa famille. Alors le karaté, c’est bel et bien terminé ? « Si quelqu’un se faisait agresser dans la rue, je serais toujours capable de donner un coup de poing pour le défendre », lance-t-il, amusé.
Léa Guichou
Rouslan Savdenov interprètera le rôle d’Albrecht le mardi 24 octobre à 20h et celui d’Hilarion les 21 et 22 octobre à 15h.
photos @ David Herrero