Avec « Dialogues d’outre-tombe », performances théâtrales d’après « la mastication des morts » de Patrice Kermann, le Groupe Merci nous convie à une bien étrange cérémonie.
Imaginez : l’ambiance mystérieuse du jardin du cloître du Couvent des Jacobins, cadre majestueux s’il en est, devenu intimiste à la nuit tombée …
Gisants aux pieds des spectateurs dans leur cercueil ouvert, 38 comédiens disséminés çà et là incarnent près de 180 personnages et partagent avec nous les récits de leur passage vers l’au-delà.
Dans le flou de la frontière entre la vie & la mort, on déambule d’un personnage à l’autre et on s’émeut, on rit ou on frissonne à l’écoute de ces tranches de vie.
On partage des quotidiens, des espoirs, des joies, des peines, en devenant, le temps d’un moment suspendu & privilégié, les confidents intimes de ces morts …
Perturbante mais terriblement émouvante expérience immersive, parfois caustique, souvent attendrissante, qui loin d’être morbide, nous questionne sur la vie, la mort, l’après… en une singulière catharsis collective !
Bravo aux acteurs pour cette performance mortelle … à vivre absolument ! (Du 18 au 21/10 & du 8 au 11/11 à 20h30)
« Cis-je gis » se vit aussi à travers l’exposition du « cimetière de portraits » (visible jusqu’au 14/01/18). Elle rappelle au visiteur la tradition des gisants avec ces photos de vivants jouant aux morts.
Dans la pénombre magistrale de l’ancien réfectoire, on déambule parmi cette galerie de portraits que l’on découvre à la lampe frontale.
Les rais de lumière jouent avec les bordures réfléchissantes des caissons et animent l’immobilité apparente de ces gisants d’un nouveau genre, en leur donnant l’illusion du mouvement et de la vie.
Cette expo photo est évolutive puisque des portraits de toulousains viendront l’enrichir, grâce aux prises de vue du « je(u) du transi » (complet mais possibilité d’inscription sur la liste d’attente).
En écho à l’exposition & aux performances théâtrales, les visites commentées « regards sur la mort du Moyen Âge à aujourd’hui » révèlent le couvent des Jacobins dans sa dimension funéraire.
La mort occupait en effet une place centrale dans la société médiévale et donc aux Jacobins, autrefois lieu d’inhumation comme l’indiquent la chapelle funéraire des dominicains, les dalles dans le cloître ou bien les reliques de saint Thomas d’Aquin dans l’église.
Quant à la super boutique, elle s’est bien sûr elle aussi mise au diapason en déclinant autour de l’ouvrage de Patrice Kermann de crânes produits dérivés !
Mariette Escalier
du 18 octobre 2017 au 14 janvier 2018
www.jacobins.toulouse.fr/ci-je-gis