Au Théâtre du Capitole, Walter Sutcliffe signe une nouvelle production de « Tiefland », ouvrage d’Eugen d’Albert dirigé par Claus Peter Flor, avec le ténor Nikolai Schukoff, la soprano Meagan Miller et le baryton Markus Bruck.
Clôturant la saison lyrique du Théâtre du Capitole, on avait quitté Claus Peter Flor en juillet, en plein triomphe du « Prophète », de Giacomo Meyerbeer. On retrouve le chef allemand en ouverture de cette nouvelle saison toulousaine, à la tête de l’Orchestre national du Capitole pour diriger « Tiefland » (Les Basses Terres), d’Eugen d’Albert – un pianiste et compositeur allemand d’origine française. Ouvrage rare dans l’hexagone, créé en 1903 au Théâtre allemand de Prague, « Tiefland » est la transposition de « Terra baixa », pièce écrite six ans plus tôt par le catalan Àngel Guimerà. Le drame a pour décor les Pyrénées catalanes, où un riche propriétaire force un de ses bergers à épouser sa propre maîtresse, et ce pour mieux la garder au sein du domaine. Si l’œuvre, soucieuse de réalisme dans son récit et de simplicité dans la peinture des personnages, peut être envisagée comme une équivalence allemande au vérisme, elle est à la fois imprégnée de l’écriture de Giacomo Puccini et très influencée par l’orchestration de Richard Wagner, pour s’affranchir finalement de toute étiquette stylistique.
Cette nouvelle production a été confiée au Britannique Walter Sutcliffe, connu à Toulouse pour ses mises en scène du « Tour d’écrou » et d’ »Owen Wingrave », de Benjamin Britten. Selon lui, « »Tiefland » est une œuvre merveilleuse qui, comme beaucoup d’autres, mérite une reconnaissance beaucoup plus grande que sa notoriété actuelle. Elle fait preuve d’un saisissant réalisme psychologique, dans le style et la tradition des drames d’Ibsen. Les situations vécues par les personnages sont très marquantes et d’un impact immédiat, et s’expriment à travers une musique d’une puissance inouïe. Je suis ravi que le public du Capitole puisse découvrir une telle œuvre !», s’enthousiasme Walter Sutcliffe.
Le metteur en scène poursuit : «J’ai très vite perçu qu’il s’agissait d’un opéra sur nos tentatives de contrôler le monde dans lequel nous vivons et la façon dont la nature et les hommes peuvent résister à ce contrôle. Je vois « Tiefland » comme une œuvre fondamentalement naturaliste, et le décor et les costumes refléteront cela. Cependant, ils ont aussi une valeur symbolique. Notre proposition jouera avec cette tension entre notre désir de contrôler la nature par les technologies et la façon dont la nature s’y soustrait. Nous avons été assez influencés par « Stalker », le film d’Andreï Tarkovski, lors de nos réflexions sur l’œuvre. Les personnages ont beaucoup de choses en commun avec ceux que nous rencontrons par exemple dans les films d’Almodóvar. Ce mélange de l’expressionnisme nord-européen et d’une esthétique espagnole moderne me semble assez bien refléter la pièce, car elle est basée sur un drame espagnol auquel D’Albert ajoute sa propre tradition musicale nord-européenne», termine Walter Sutcliffe.
La distribution réunit des chanteurs sollicités par les grandes scènes internationales. Ainsi, aux côtés de la jeune soprano américaine Meagan Miller, dont ce sera la première apparition en France, on attend le retour du ténor autrichien Nikolai Schukoff (photo), dans le rôle du berger, après sa performance toulousaine dans « Cavalleria rusticana ». Membre de la troupe du Deutsche Oper de Berlin, le baryton allemand Markus Bruck interprètera le propriétaire terrien.
Jérôme Gac
Du 29 septembre au 8 octobre,
au Théâtre du Capitole,
place du Capitole, Toulouse.
Tél. : 05 61 63 13 13.
Rencontre, avant la représentation, 19h00.
Diffusion sur France Musique,
dimanche 22 octobre, 20h00.
Conférence par Michel Lehmann,
jeudi 28 septembre, 18h00,
au Théâtre du Capitole (entrée libre).