Les Hommes du feu, un film de Pierre Jolivet
Il est des héros qui partent dans l’espace et que nous ne croiserons jamais. Il en est d’autres, beaucoup moins médiatisés, pratiquement invisibles, qui partagent notre quotidien, pour la plupart volontaires, voire bénévoles. Ils affrontent l’enfer et le pire des détresses humaines, ils sont là avant tout le monde dans les urgences les plus vitales, ils n’hésitent pas l’ombre d’une seconde à mettre leur vie en jeu pour en sauver d’autres.
Ces « ils », ce sont les pompiers, ces fameux « hommes du feu » dont nous parle le dernier opus de Pierre Jolivet. Tourné dans une véritable caserne, ce film bénéficie de l’appui technique du capitaine de ladite caserne mais aussi de ses subalternes qui, après un moment d’hésitation pour ne pas dire de doute, se sont prêté au jeu, apparaissant parfois à l’image. Peu de fioritures ici, mais le chapelet d’un quotidien qui fait froid dans le dos : incendie, suicide, brutalité domestique, accident, assistance médicale (la scène de l’accouchement est un monument à elle seule), intervention périlleuse dans les cités de « non droit ».
Vaillants petits soldats, les pompiers ne se posent pas de question. C’est inscrit dans leur ADN. Ils foncent dès que les moyens nécessaires sont rassemblés. Le scénario est construit autour de scènes illustrant la diversité de leurs interventions. Pas de voyeurisme mais un éclairage sur les risques encourus (la scène de la femme battue donne le frisson). Pierre Jolivet s’attache également à montrer ces hommes dans leur quotidien, que ce soit celui de la caserne avec les entraînements indispensables, ou bien celui de leur sphère privée, avec les conflits que leur disponibilité peut engendrer… Mais au-delà de toutes ces vérités, Pierre Jolivet souligne l’engagement qui anime ces combattants du malheur, un engagement qui tient sans nul doute de la vocation pure et simple.
.
Porté par des comédiens au cordeau, dont le fidèle de toujours, Roschdy Zem, mais aussi Emilie Dequenne, Michaël Abiteboul et un fulgurant Guillaume Labbé (un acteur à suivre assurément !), ce film est, non pas une ode à ce métier, mais plutôt la mise en scène d’hommes d’exception, pas nécessairement reconnus par les pouvoirs publics, et pourtant premiers recours contre les malheurs de ce monde. En fait, un film aussi passionnant que nécessaire. A voir tout public confondu. Un film d’utilité publique !
Robert Pénavayre
Les Hommes du feu – Réalisateur : Pierre Jolivet – Avec : Roschdy Zem, Emilie Dequenne, Guillaume Labbé…
.
Pierre Jolivet – Luc Besson comme mentor !
A 64 ans, le fils de la comédienne Arlette Thomas se souvient certainement des spectacles qu’il montait avec son frère Marc, un brin plus âgé que lui, dans les usines en grève en mai 1968. Tout un programme… Dans les années 70, ils formeront un duo comique très populaire. Mais Pierre va couper ce cordon familial lorsqu’il rencontre le tout jeune Luc Besson. Ce dernier lui ouvre les portes du cinéma. On connaît la suite. Dialoguiste, scénariste, acteur et réalisateur (16 films), Pierre Jolivet est aujourd’hui bien installé dans le panorama du 7ème art hexagonal.