Cherchez la femme, un film de Sou Abadi
En ce début d’été mi caniculaire, mi hivernal, il était difficile de s’attendre à deux comédies françaises d’une telle qualité tant les sorties estivales sont parfois d’un goût douteux. La première est Grand froid de Gérard Pautonnier, chroniquée dans ces colonnes, la seconde est le film sous rubrique.
Deux premiers longs à déguster toutes affaires cessantes. Le moins que l’on puisse affirmer est que Sou Abadi est courageuse en plus de posséder un réel talent de réalisatrice. Courageuse car elle traite ici d’un sujet hyper sensible, celui de la radicalisation et de l’intégrisme islamique. Piègeux, pour le moins… Un avantage, elle sait de quoi elle parle car sa famille a fui l’Iran de l’ayatollah Khomeiny alors qu’elle n’a que 15 ans.
Comment faire une fiction sur le mode comique d’un drame humain dont nous sommes quotidiennement témoin ? Est-il possible de rire d’un tel état de fait ? Sa réponse est sans ambigüité : oui ! Encore faut-il le faire sans une caméra de plomb. C’est le cas ici. Tout d’abord un scénario particulièrement astucieux. Où il est question de deux jeunes gens : Armand (formidable Félix Moati) et Leïla (Camélia Jordana, toujours épatante). Ils finissent leurs études à Science Po Paris et doivent partir en stage à New York. Si, pour les parents d’Armand, réfugiés iraniens, cela ne pose pas de problème, il n’en est pas de même pour Leïla car, au moment de son départ, voilà qu’arrive son frère Mahmoud, en direct du Yémen où il s’est passablement radicalisé. Hors de question que sa sœur parte chez Satan vivre sa vie et encore moins qu’elle fréquente Armand.
Enfermée chez elle, Leïla voit son avenir s’assombrir sérieusement. C’est sans compter sur les miracles de l’amour. Astucieux, Armand va revêtir le niqab et s’introduire dans l’appartement de Leïla, sous le nez de Mahmoud. Ayant appris par cœur Le Coran pour les Nuls, il en impose ainsi au frangin djihadiste. A tel point que… Cette délicieuse comédie sociale est un sommet de drôlerie, mettant en coupe réglée un certain nombre de clichés sur l’Islam et son fondamentalisme. L’humour ravageur qui submerge ce film après dix minutes d’installation des personnages et de la situation (à faire frémir !), la comédie s’installe et le rire éclate à chaque image dès que le ton est donné. Tous les comédiens sont formidables mais je souhaite souligner encore une fois la performance du jeune William Lebghil, celui qui avait presque sauvé du naufrage intégral Les Nouvelles Aventures d’Aladin (2015). C’est lui Mahmoud et, sans rien dévoiler du sujet bien sûr, attendez-vous à une très forte séquence émotion en fin de film, une séquence dans laquelle il vous prendra à la gorge. Décidément, un comédien hors pair.
Robert Pénavayre
Cherchez la femme – Réalisation : Sou Abadi – Avec : Félix Moati, Camélia Jordana, William Lebghil, Anne Alvaro…
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William Leghbi – Passe ton bac d’abord !
La sentence paternelle tombe sur les épaules de ce jeune homme qui rêve depuis ses 10 ans à une carrière d’artiste : « Passe ton bac d’abord ». Et voilà celui qui avoue avoir été juste moyen à l’école terminer ses études générales le bac en poche et tant qu’à faire avec mention. Lui qui fut le pire cancre de la tv dans la série pour ados SODA intègre l’école d’art dramatique de Jean Perimony, école dont il sort diplômé en 2011. De séries tv en web séries, de téléfilms en longs métrages, le voici à 27 ans lancé dans une carrière à haut risque. Sauf qu’il a un talent et même un charisme qui sont loin d’être l’apanage de tous ses confrères générationnels.