Corporate, un film de Nicolas Silhol
Sorti au début avril, le premier long de ce réalisateur mérite d’être mis en lumière. Pour bien des raisons. Et tout d’abord pour sa maîtrise cinématographique, sa direction d’acteur et le sujet choisi. Justement, sur ce dernier point, tout en soulignant qu’il est auteur du scénario, Nicolas Silhol s’engouffre dans un sujet malheureusement d’actualité (voir France Télécom !), celui du harcèlement au travail. Au détail près suivant, le harcèlement qu’il nous décrit est celui visant à pousser à la démission un salarié.
Amplement documenté, ce film nous trace les différentes étapes du processus, avec des mots qui font froid dans le dos : courbe de deuil, mobilité forcée, évaluation comportementale, etc. Il nous plonge dans le service financier d’une grande entreprise dans laquelle Emilie est gestionnaire Ressources Humaines.
Son job est de « dégraisser », superbe expression qui n’a malheureusement que trop cours de nos jours. Les cibles étant déterminées, il n’y a plus qu’à faire feu. Ce qu’Emilie s’empresse de faire en utilisant des éléments de langages assassins. Sauf que dans cette stratégie d’entreprise, mise en place par Stéphane, le tout puissant DRH, un énorme caillou se glisse : le suicide d’une cible. Nous assistons alors à un sauve qui peut pathétique de la part de tous les dirigeants. Le tireur devient rapidement la cible : Emilie est condamnée. Mais voilà, Emilie va se rebeller. Elle ne se considère que comme un instrument. Ce qui est vrai. Un instrument qui devient dangereux pour peu qu’il réfléchisse. Le « killer » change sa cible…
Céline Sallette (Emilie) porte ce film sur ses épaules avec une profondeur de ton qui en dit long sur le talent de cette comédienne qui mériterait bien plus d’exposition.
Robert Pénavayre
.