Patients, un film de Grand Corps Malade et Mehdi Idir
Fabien Marsaud a tout juste 20 ans lorsqu’un accident de plongée dans une piscine à moitié vide le laisse tétraplégique. Assez rapidement, le terrifiant diagnostic initial évolue favorablement, sa paralysie est incomplète. Traduction, il doit garder l’espoir de récupérer pas mal de mobilité.
Fabien va passer un an dans un centre de rééducation au terme duquel de réels progrès se font sentir. Même s’il est obligé de faire la croix sur une carrière de basketteur qui s’annonçait brillante, ce grand garçon de près de 2 m, doit reconsidérer son avenir. Il va écrire une autobiographie et aujourd’hui, avec l’aide de son complice Mehdi Idir, il nous présente un film qui en est l’adaptation. Après son accident, il décide de prendre pour patronyme professionnel de slameur Grand Corps Malade. Tout un programme qui n’a rien d’anodin en cela qu’il est un cri de révolte contre l’abandon de tout espoir. Ce que nous propose Fabien est de le suivre dans cette année entre parenthèse durant laquelle il a réappris à vivre, au milieu d’un univers qui peut paraître brutalement carcéral et qui va finalement se révéler porteur de joies, d’amitiés, de douleurs aussi.
En fait, la vie comme partout ailleurs à cela près qu’elle se vit en fauteuil roulant… Fabien a choisi de ne faire l’économie d’aucun moment de ses journées. C’est parfois cru, dérangeant, révélateur aussi. C’est surtout l’occasion de découvrir tout un monde de gens fracassés, à différents degrés. Il y a ceux qui sont définitivement ailleurs, ceux qui désespèrent, ceux qui sont résignés, ceux qui luttent, ceux qui gardent espoir. L’histoire de Fabien, nous la connaissons tous, nous savons qu’elle s’inscrit dans les deux dernières options. Point de pathos, mais des regards, des non-dits, des complicités, des vannes, de l’émotion, de l’humour, des crispations. Chacun essaie de maîtriser sa douleur à sa manière. Il y a bien sûr Pablo Pauly, remarquable de sobriété et de profondeur dans le rôle de Fabien. Mais ce film est aussi un film choral admirablement interprété par de jeunes comédiens totalement investis dans des personnages difficiles. Il y a aussi le personnel soignant, au premier rang desquels le kiné François, superbement incarné par Yannick Renier, un homme dont la voix, le regard, le ton, les gestes, la parole, sont un condensé d’humanité. Un film qui vous serrera la gorge, vous mouillera les yeux, vous envahira d’émotions. Un film qui dit non au renoncement. Un film lumineux.
Robert Pénavayre
Patients
Réalisateurs : Grand Corps Malade et Mehdi Idir
Avec Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Naila Harzoune…
Durée : 1h50
Genre : biopic
Grand Corps Malade – Le slameur qui sourit à la vie
Malgré un bac littéraire en poche, ce sont avant tout les qualités sportives de ce jeune basketteur qui le signalent à son entraîneur. C’est donc tout naturellement que Fabien passe un DEUG Staps. Puis arrive l’été 1997 et avec lui l’accident. Les vertèbres déplacées, direction le centre de rééducation. Deux ans après, cet acharné de la vie recommence à marcher, malgré les pires diagnostics qui lui sont délivrés. Il va même reprendre ses études et passer un DESS en Management…sportif, évidemment ! En octobre 2003 : Fabien découvre le slam, un genre dont il va s’emparer pour le porter à incandescence. Son nom de scène sera Grand Corps Malade. En 2008, il est fait Chevalier des Arts et Lettres. Marié, papa de deux garçons, Fabien est le parrain de l’Association « Sourire à la vie ». Il sait de quoi il parle !