Un sac de billes, un film de Christian Duguay
Avec plus de 20 millions d’exemplaires vendus dans 23 pays différents, le récit autobiographique que publie Joseph Joffo en 1973 connaît ici sa seconde adaptation pour le grand écran. Une réussite !
Nous sommes dans les années noires, celles de l’occupation allemande. L’histoire se déroule entre 1941 et 1944 et nous met sur les pas de deux petits juifs obligés de se séparer de leur famille pour question de sécurité et de partir, seuls, vers la zone libre, dans le Sud de la France. Après bien des peurs, mais aussi d’heureuses rencontres et à la force de leurs petites mains, Joseph et Maurice vont enfin arriver à destination. Ils vont s’intégrer tant bien que mal parmi cette population dans laquelle la collaboration avec l’envahisseur est chose fréquente. Témoins et parfois victimes des exactions des occupants, ils vont grandir dans la crainte de ne plus revoir leurs parents et frères. Cet enfer connaîtra heureusement une fin. Ce récit autobiographique, déjà porté à l’écran par Jacques Doillon en 1975, nous revient ici avec une force et une puissance rares.
Devant la caméra virtuose du québécois Christian Duguay, ce sont ces années terribles qui virent le monde basculer dans l’horreur absolue des camps de concentration, ces déportations massives de juifs, cet arbitraire démentiel, la division idéologique même de notre pays, qui nous sont à nouveau assénés en pleine figure. Mais au milieu de cette histoire terrible, il y a la lumière de l’amour fraternel. Quoi qu’ils vivent, Joseph et Maurice ne se quitteront pas. Cette fraternité se retrouve également parmi ces anonymes qui ont fait le choix de combattre, qu’ils soient prêtres, docteurs, passeurs, paysans. Et il en fallait du courage pour protéger deux petits juifs à cette époque. Cette épopée lumineuse, même si elle s’éloigne quelque peu du récit initial, trouve dans un casting au cordeau des interprètes de premier plan. Il en est ainsi bien sûr des gamins : Dorian Le Clech (Joseph) et Batyste Fleurial (Maurice), tous deux épatants. A leurs côtés Patrick Bruel, Elsa Zylberstein, Bernard Campan, Christian Clavier, Kev Adams et bien d’autres achèvent de peupler ce tragique panorama. Un film magnifique et nécessaire, en forme de devoir contre l’oubli.
Robert Pénavayre
Un sac de billes
Réalisateur : Christian Duguay
Avec : Dorian Le Clech, Batyste Fleurial, Patrick Bruel…
Genre : récit autobiographique, drame
Durée : 1h50
Christian Duguay – Jappeloup le remet en selle
Ce réalisateur pur jus québécois (il est né à Montréal en 1957) a débuté sa carrière au cinéma avec du lourd, très lourd même, des blockbusters musclés. Et une pépite en 1995, Planète hurlante, de la Sf de série B à tomber par terre. Puis c’est direction la télévision et une multitude de films tv et de séries bien sûr. Son grand retour sur grand écran est gagnant. C’est lui qui tourne le biopic du célèbre cheval Jappeloup en 2013, rien que de très naturel pour ce cavalier qui fut un temps quasi professionnel. C’est le film dont il est le plus fier, peut-être parce que c’est aussi son premier tourné dans sa langue natale, le français. Il est suivi de suite après par Belle et Sébastien, l’aventure continue en 2015. Autant dire un sacré virage si l’on veut bien considérer les débuts de celui qui fut un temps pressenti pour tourner …un James Bond !