Snowden, un film d’Oliver Stone
Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, voici la critique d’un film sorti début novembre, un film qui doit s’inscrire derechef, si ce n’est déjà fait, dans votre programme ciné.
Son sujet est plus que brûlant puisqu’il nous renvoie à l’affaire Snowden, une affaire toujours en cours d’ailleurs. Où il est question de ce jeune américain, épris de son pays, s’engageant dans les Forces Spéciales afin de le servir et atterrissant, pour cause de blessures à l’entraînement, à la CIA puis, vues ses dispositions informatiques, à la NSA. Là, il prend connaissance de la pieuvre titanesque représentée par les Services de Renseignements américains, une pieuvre qui n’hésite plus l’ombre d’une seconde à contrôler tous les échanges publics et privés du monde entier, sous réserves, si l’on peut dire, que ceux-ci se fassent dans un cadre électronique, au travers des téléphones mobiles et des PC. Il va côtoyer alors des informaticiens qui, grâce aux drones, se trouvent devant des consoles dont le terrain de « jeu » est le monde entier. Un clic et …boum, la cible est détruite, peu importe les dommages collatéraux, enfants et civils innocents passent aux oubliettes de la conscience. Quant au piratage des données de la vie privée, elle atteint pour Snowden des limites qu’il ne peut plus supporter. Il décide alors de se transformer en lanceur d’alerte et de troquer, il le sait d’avance, sa vie plus que confortable, en un véritable cauchemar. Il repère une journaliste du Guardian, lui fixe un rendez-vous à Hong Kong, et lui confie une clé USB totalement atomique en cela qu’elle contient les preuves de la surveillance généralisée et…anticonstitutionnelle à laquelle se livre le Gouvernement des Etats Unis. On connaît la suite. Edward Snowden aura juste le temps de s’embarquer pour Moscou où Vladimir Poutine lui donne depuis l’hospitalité. Au grand dam de Barak Obama.
Avec ce film, Oliver Stone revient à ses premières amours et son appétence à jeter un regard critique sur les fantasmes, les tourments, les manquements de l’Amérique. Il le fait ici avec une science remarquable du biopic. Largement inspiré de plusieurs ouvrages sur le sujet, y compris celui de l’avocat de Snowden, documenté par Snowden lui-même, ce film est une charge colossale contre l’utilisation sauvage des données électroniques. Portée par un Joseph Gordon-Levitt (Snowden) en état de grâce, cette réalisation superlative dénonce des abus simplement inadmissibles mais aussi devrait faire réfléchir à l’usage exponentiel que nous faisons tous des nouveaux moyens de communication. A voir, impérativement. Un film de salubrité publique !
Robert Pénavayre
Snowden
Réalisation : Oliver Stone
Avec : Joseph Gordon-Levitt, Shailene Woodley, Zachary Quinto, Tom Wilkinson…
Durée : 2h15
Genre : Thriller, biopic
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Joseph Gordon-Levitt – Il débute à 7 ans face à Tommy Lee Jones !
Ce Californien de 35 ans a déjà à son actif pas moins de 57 films et 10 séries tv. Faites le compte ! Il n’a pas chômé. Et cela continue d’ailleurs. Il a 11 ans lorsque Robert Redford l’engage dans « Et au milieu coule une rivière ». Le petit écran s’empare de ce nouveau venu prometteur et le fait tourner à bride abattue pendant une dizaine d’années. Puis le 7ème art décide de s’approprier son talent. Comédies, thrillers et blockbusters vont se succéder dès lors. Il ne lui manque plus qu’une récompense internationale, ce qui n’est toujours pas le cas malgré une dizaine de nominations prestigieuses. Souhaitons que le film sous rubrique mette fin à cette injustice.