Chaque mercredi, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir un film américain passé inaperçu lors de sa sortie.
John Flynn (1932-2007) ne fut longtemps connu que par une poignée de cinéphiles vouant un culte à ce réalisateur de séries B et de films de genre parmi lesquels trois petits chefs-d’œuvre se distinguent : Échec à l’organisation (1973), Rolling Thunder (1977) et Pacte avec un tueur (1987). Depuis 2015, tous trois ont d’ailleurs été l’objet en France de belles rééditions en DVD et Blu-ray qui ont pu élargir le cercle des fans de Flynn. En outre, rappelons que Rolling Thunder, d’après un scénario de Paul Schrader, est l’un des films préférés de Quentin Tarantino.
Lors de sa sortie en France, Pacte avec un tueur attira surtout les aficionados de James Woods – l’un des acteurs (avec Christopher Walken) les plus fascinants de sa génération qui, sans jamais avoir atteint le statut de star « bankable », séduisit par ses compositions dans des œuvres marquantes comme Les Visiteurs d’Elia Kazan (1972), Vidéodrome de David Cronenberg (1983) ou Il était une fois en Amérique de Sergio Leone (1984). L’année 1987 fut particulièrement riche pour le comédien puisqu’il campa également l’inspecteur Lloyd Hopkins dans l’excellent Cop de James B. Harris (producteur des premiers films de Stanley Kubrick) d’après Lune sanglante de James Ellroy, écrivain alors inconnu dont les éditions Rivages allaient publier les premiers titres en cette même année 1987.
Pacte avec un tueur (Best Seller) impressionne dès sa scène d’ouverture où des malfrats effectuent un casse le visage dissimulé derrière des masques de Richard Nixon (ce qui inspirera Kathryn Bigelow dans Point Break). Un policier, Dennis Meechum, est blessé, mais réussit à poignarder au ventre l’un des braqueurs. Quinze ans plus tard, le flic, devenu lieutenant, a écrit un livre à succès sur son parcours et vit avec son adolescente de fille qu’il élève seul. Un homme mystérieux surgit alors dans son existence : un tueur à gages ayant travaillé pour un puissant homme d’affaires. Cleve propose à Meechum un marché : lui fournir les preuves de l’implication de son ancien patron qui fourniraient la matière explosive du prochain livre du policier…
L’originalité du scénario signé par le grand Larry Cohen (créateur de la série Les Envahisseurs, scénariste de Maniac Cop de William Lustig et de Phone Game de Joel Schumacher parmi tant d’autres, mais aussi réalisateur de talent) n’est pas pour rien dans la réussite de Pacte avec un tueur. D’autant que le point de départ assez excitant précède un étonnant voyage initiatique à travers lequel le tueur révèle au flic l’envers du décor du « rêve américain ». Quant à la mise en scène de John Flynn, elle se met au service du scénario avec une efficacité remarquable, un sens du cadrage et du rythme épatant. A son habitude, le cinéaste fait preuve de ses qualités de directeur d’acteur et le tandem formé par James Woods et Brian Dennehy (que l’on vit à la même époque dans un registre très différent devant la caméra de Peter Greenaway pour Le Ventre de l’architecte) constitue une parfaite alchimie des contraires. Dans les seconds rôles, on retrouve la trop rare Victoria Tennant, Paul Shenar (le terrible Sosa dans le Scarface de De Palma) qui mourut du sida en 1989 et Allison Balson (la peste Nancy de La Petite maison dans la prairie).