Animation – Kubo et l’armure magique
Pour les non-initiés à l’art des origamis, sachez seulement que cette pratique très ancienne consiste à plier du papier afin de lui donner une forme, animale très souvent.
Le jeune Kubo, orphelin de père, est détenteur d’un pouvoir, magique bien sûr. Lorsqu’il pince les cordes de son shamizen (sorte de luth au manche très long), ses origamis prennent vie. C’est d’ailleurs grâce à eux qu’il gagne son pain quotidien et celui de sa mère, jouant tous les jours les bateleurs sur la place du village pour le plus grand bonheur de ses habitants. Mais il doit rentrer impérativement avant le coucher du soleil dans la grotte qui les abrite car des esprits mauvais, en fait ses deux tantes, le pourchassent afin de lui soutirer l’œil unique qui lui reste, son grand-père lui ayant enlevé de force l’autre. Or, ces dernières ne peuvent le repérer de jour. Mais vivre constamment en se cachant devient pénible. Un soir, il quitte le village trop tard. Ses tantes ont tôt fait de le retrouver. La chasse à l’œil commence. Heureusement, Kubo peut compter sur l’aide d’un duo improbable composé d’un scarabée-samouraï facétieux et d’une guenon moralisatrice mais redoutable combattante.
Leur but, retrouver une armure magique et vaincre le Roi de la Lune. Autant vous dire de suite que l’esthétique flamboyante, très japonisante évidemment, de ce film est à couper le souffle. Certains plans tiennent de l’estampe. Fabriqué à l’ancienne, en stop motion, c’est-à-dire en manipulant des marionnettes, Kubo et l’armure magique nous amène au plus profond des contes et légendes d’un Japon médiéval mâtiné de ce que le film « de sabre » a fait de plus achevé ces dernières années. Il y a de l’action, de l’émotion, du suspense, de l’humour aussi dans ce film qui traite en creux des problèmes de filiation. C’est une véritable épopée pleine de sagesse, somptueusement réalisée qui ravira petits (au-dessus de 10 ans tout de même) et grands tant les messages subtilement glissés dans ce scénario sont les fondements mêmes du concept de famille. Il aura fallu cinq ans aux Studios Laika pour arriver à cet ultime opus. Ne le laissez pas passer !
Robert Pénavayre
Kubo et l’armure magique
Réalisation : Travis Knight
Durée : 1h41
Genre : Animation
Travis Knight – « Je vénère la Blanche Neige de Disney »
Quand on est un Américain de 43 ans, fils du cofondateur de la marque Nike et propriétaire des Studios d’animation Laika, la vie doit être belle. D’ailleurs Travis est devenu le directeur desdits Studios. Ceux-ci ne produisent pas beaucoup de films, à peine quatre en 10 ans ! A noter que les trois premiers ont tous étaient nominés aux Oscars. Ce fan de Tolkien et de Star Wars vit depuis plus de trente ans une véritable histoire d’amour avec le Japon. Il fallait bien s’attendre à ce qu’un jour ou l’autre, le Pays du Soleil Levant lui serve de décors. C’est chose faite. Véritable control freak, traduisez « il met le nez partout en étant persuadé qu’il a raison sur tout », il réalise ici son premier film. Et voilà le big boss à l’épreuve de la critique !