En partenariat avec le Festival international Piano aux Jacobins, l’ONCT reprend ses activités toulousaines sous la direction de Tugan Sokhiev. A cette occasion, la phalange symphonique toulousaine invite comme soliste de son premier concert l’un des participants du festival qui ouvre la très riche saison musicale de la Ville rose. Cette année, l’invité d’honneur n’est autre que le grand pianiste allemand Christian Zacharias qui a déjà donné un récital dans le cloître des Jacobins.
Musicien hors norme, le pianiste, chambriste, mais aussi chef d’orchestre allemand Christian Zacharias ouvre donc la nouvelle saison de l’Orchestre national du Capitole. Cet artiste complet, universellement apprécié et célébré occupe une place privilégiée parmi les grands interprètes du moment. Sa notoriété l’a amené notamment à présider le Concours international Clara Haskil en 2015, concours prestigieux qu’il présidera de nouveau en 2017. Christian Zacharias jouera à Toulouse l’un des plus grands concertos de tout le répertoire classique et romantique, le Concerto n° 5 dit « L’Empereur », de Beethoven.
Le pianiste et chef d’orchestre allemand Christian Zacharias
Le compositeur, déjà très affecté par la surdité qui le menace, commence son dernier concerto pour piano en 1808. Cette période agitée coïncide avec les préparatifs de guerre de l’Autriche contre Napoléon, un événement qui influença certainement l’atmosphère militaire de cette œuvre. La composition est interrompue par les bombardements et l’occupation de Vienne par la Grande Armée le 12 mai 1809. Son élève Ferdinand Ries décrit avec précision l’état d’esprit du compositeur pendant cette dure époque :
« Lors du court siège de Vienne par les Français en 1809, Beethoven eut grand peur. Il passa la plus grande partie du temps dans une cave chez son frère Kaspar, en se couvrant en outre la tête de coussins, afin de ne pas entendre le canon. »
Les esquisses du premier mouvement, de 1808 à mars-avril 1809, sont parsemées de notes dans ce genre : « Auf die Schlacht Jubelgesang ! » (Chant de triomphe pour le combat), « Angriff ! » (Attaque), « Sieg ! » (Victoire). La Paix de Vienne, signée en octobre 1809, rétablit des conditions de vie favorables à l’achèvement de la partition. Dédié à l’Archiduc Rodolphe, ce concerto est créé au Gewandhaus de Leipzig en 1811. Il sera jugé « original, plein de fantaisie, et faisant de l’effet ».
Tugan Sokhiev, directeur musical de l’Orchestre national du Capitole – Photo Marco Borggreve –
Tugan Sokhiev, qui dirigera l’orchestre lors de ce premier concert, met également au programme l’éblouissante Symphonie fantastique d’Hector Berlioz qu’il affectionne tout particulièrement. Les circonstances de sa composition s’avèrent dignes d’un roman d’aventure. Tombé amoureux fou de l’actrice irlandaise Harriet Smithson, Berlioz, âgé alors de vingt-sept ans, évite de sombrer dans la folie en illustrant cet amour de manière autobiographique dans cette fameuse Symphonie Fantastique créée le 5 décembre 1830 au Conservatoire de Paris. L’œuvre suit un programme bien précis, détaillé par Berlioz lui-même qui lui a adjoint quelques années plus tard un monologue intitulé « Lélio ou le retour à la vie ». L’ensemble des deux œuvres est sous-titré « Episode de la vie d’un artiste ». Cette symphonie en cinq mouvements (au lieu de quatre pour la symphonie classique) décrit donc l’évolution de la passion de l’artiste pour « une femme qui réunit tous les charmes de l’être idéal ».
Ce concert d’ouverture sera diffusé en direct depuis la Halle aux Grains sur medici.tv.
Notons enfin que Christian Zacharias, artiste en résidence à l’ONCT cette saison, reviendra à la Halle aux Grains le 25 mars 2017, au piano et à la direction, pour un programme consacré à Schubert et Mozart.
Serge Chauzy
Une chronique de ClassicToulouse